Au-dedans aussi le Créateur à mis deux yeux
De deux couleurs selon nos humeurs
Deux regards qui se télescopent à notre insu
Enfoui dans nos tréfonds au aguets :
Un regard translucide pour accueillir
Avec bienveillance la nouveauté et s’en étonner
Toute ombre de soupçon y restant étrangère ;
Un regard opaque derrière des vers fumés
Noircissant sans pitié tout ce qu’on examine
Avec l’intransigeance d’une réduction inquisitrice.
Il nous manque sempiternellement le miroir
Renvoyant l’image de notre nez chaussé
Car nos lunettes sont de nous ignorées
Alors qu’elles dévient notre lucidité
Souvent claires le matin
Muant au noir avec le soir
Les uns les délaissant la nuit
D’autres se réveillant avec elles.
Deux regards pour un seul être
C’est déjà objectivement un de trop
Mais quand durablement pour le meilleur
Voire pour le pire quatre yeux s’entrecroisent
On ne sait plus quel œil regarde quel autre
On se méfie toujours du mauvais
Mais on l’oublie quand revient le bon
Si bien que le manège nous échappe
Le galop en yoyo des chevaux de bois
Ayant cédé le pas aux binoculaires fantômes.