Les deux lions – Christian Satgé

Petite fable affable


 

Un lion, souverain en sa savane
Envie au grand jour l’un de ses bons pairs
Qui toujours en majesté se pavane,
Prenant à tous les vents, par tous temps, des airs
Qu’on dit, à l’alentour, « de circonstance »,
Faisant, aussi, à tout venant, des mines
Sentant la sentence ou l’accointance
Qu’on vécut au palais ou en chaumine.
Ses peuples étaient en adoration,
Chantant haut sa puissance et sa gloire,
Louant son règne et sa modération.

Notre jaloux, l’esprit comme en bouilloire,
Décide d’imiter, idée d’animal,
Ce brave roi : il feint le saint, il mime
La grandeur, contrefait le libéral,
Joue le juste, en mots et pantomime,
Attendant des hymnes vantant son nom.
Hélas, trois fois hélas, chose pareille
N’advint point : il perd renom
Et autorité… Qu’ouït son oreille ?

On se gausse ?!… On le moque ?!… Par Dieu,
Il veut en avoir le cœur net. Sur l’heure.
Il va trouver son rival en lieu
Neutre et lui demande raison comme on pleure.
Et l’autre répond à l’ardélion :
« Parce que, mon ami, tu vagabondes :
Un lion qui copie un lion
Devient un singe* aux yeux du monde ! »

* D’après Victor Hugo.

 

© Christian Satgé – mai 2018

 

 

 

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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