Le bled était rasé,
Sauf autour des maisons,
La terre arrosée
Dressait ses frondaisons.
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On était guère loin
De la saison des pluies,
Sentant parfois un point
De fraîcheur dans la nuit.
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Quand les pluies déferlaient,
Le bled devenait vert
Et même il s’émaillait
De fleurs en parterre,
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Des narcisses, soucis
Des mini orchidées
Les gosses par ici
Savaient les proposer.
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Mais, bref était ce temps,
Il fallait l’observer,
Un rêveur en passant
Ne l’aurait contemplé.
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Nous jouions dans la cour
De l’école du bled,
Quand un nuage lourd
S’avança tel un raid.
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Un nuage bruyant,
Un bruit de crécelle,
Nuage effrayant,
Help ! Ce sont elles !
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Là des sauterelles
Ou paquets de criquets,
En battant des ailes,
Tombaient et s’agrippaient.
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Les hurlements d’enfants
Auraient fendu les coeurs,
L’adulte seulement,
Etait aussi en pleurs.
.
C‘est l’institutrice
Qui dans ces régions
Est la protectrice
De cinq divisions.
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En effet, l’école
N’avait qu’une classe
Cette journée folle,
Remit tous en place.
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Toujours dans la terreur,
En repartant chez nous,
Le chemin de la peur
Nous a mis à genoux.
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L‘Administration
Très vite alertée,
A mis en action
La poudre DDT.
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En hélicoptère,
Elle fût épandue,
Plus aucun parterre,
Tout avait disparu !
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Insectes affamés,
Près de mourir ou morts,
On peut bien l’affirmer,
Vous avez fait du tort,
.
Aux gens des campagnes
Qui ont travaillé fort,
Plus rien n’accompagne
Leurs multiples efforts.
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Il faut l’avoir vécu,
Ce temps de l’enfance,
Soixante ans disparus,
Y penser en France.
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©Simone Gibert
Une fois de plus vous remettez en vie avec talents des instants pleins d’humanité qui font vraiment du bien. Merci Simone pour ce partage.
Bel instantané saisi avec brio mêlant la beauté à l’horreur dévastatrice de ces bestioles qui, pélerinant là où la verdure est miracle, ne laissent rien derrière elles. Belle métaphore de bien des choses ou des moments que l’on vit en ce bas monde. Merci et bravo pour ce partage…