Les coups fourrés du furet – Christian Satgé

Petite fable affable

Dans le grenier où il menait un train d’enfer,
Sous prétexte que les siens avaient fort souffert
Naguère, un gros furet apitoyait son monde :
Sa vie ne fut de deuils, épreuves et revers,…
En tout lieu et en toute occasion, à la ronde,
Il narrait, revenait toujours sur ces travers
Comme on réciterait un chapelet, prétexte
Pour ce loquassepied à tous les passe-droits
Et à prendre de haut ceux que son triste texte
Attristait comme ceux qu’il laissait fats et froids.

Ce miséreux était aussi un misérable
Profitant des premiers dont il tondait le râble
De petits services en vraies quémanderies
Qui, inassouvis, lui faisait perler les larmes ;
Il partait alors en fâcheries, bouderies,…
Maudissait les sans-cœur, non sans vacarme,
Blâmait les sans pitié qu’il traînait dans la boue
Puis reparlait de ses déboires et histoires…
À bout, un vieux hibou, le lui cloue sans tabou :

« Quelle misère as-tu vraiment connue ?!… Car c’est notoire :

Le malheur rend humble et simple qui le subit ;
La douleur n’est pas plus mobile qu’alibi ! »

© Christian Satgé – juin 2015

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Anne Cailloux
Membre
18 décembre 2018 19 h 13 min

A méditer…