Les contraires réunis – Christian Satgé

Petite fable affable

Un coléoptère se voyait en Grand roi
Du peuple de l’herbe, un peu trop l’étroit
Dans son rôle et rang de tout petit insecte :
« Si seulement j’avais fondé une secte,
Je serais riche à foison et un gourou
Révéré de serviles car mon courroux
Assombrirait les nues, ferait – malepeste ! –
Tomber la pluie ou rendrait le vent modeste ! »
Et se nourrissant de tous ces songes creux
Il mourut seul, pauvre, ignoré, malheureux,…

Un gros bourdon las d’inaction sans doute,
Voletait qui ci, qui là, au long de sa route
Sans savoir où elle menait, s’agitant
Prou, courant fort vite à hue et, dans l’instant
Suivant, à en perdre vent et haleine,
Se précipitant à dia non sans peine.
Brouillon, ce bouillon n’en amassait pas plus
Au contraire, il n’avait jamais de surplus.
Malgré son ardeur, périt la bestiole :
Fatigue et épuisement ça étiole !

Ces deux furoncles, le flemmard et le trimard,
Ont oublié un adage plein de sève :
« Vision sans nulle action n’est qu’un rêve
Action sans vision, un cauchemar* ! »

© Christian Satgé (d’après un proverbe japonais *) – février 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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