Les bêtes du marin – Christian Satgé

Petite fable affable
Un marin ayant couru tous les océans du globe
Posa son sac et ses trésors, prou claustrophobe
Devenu, non loin d’échoppes auxquelles il amenait
Du chaland car sa cassette à lui était faune :
Un perroquet embastillé, un singe enchaîné
Et un vieux matou de rafiot brun-jaune.
Pour soulager sa peine l’oiseau pérorait ;
Entre sauts et bonds, le fagotin, tout grimaces,
Passait ses jours. Quant au chat,…il dormait au frais.
« Je parle comme l’homme et je vous sais fumasses
De me voir à ce point son ami ! » fit l’ara,
Un matin de vaine dispute entre ces bêtes.
« Profites-en pour lui demander, Malfrat,
De t’ouvrir la porte ! fit Minet, sans courbette.
Il le fait bien pour moi à longueur de journée,
Sans se lasser ni se fâcher. Ai-je à flagorner
Comme tu le fais, dis-moi, Buveur de gobette ?
Lors, le quadrumane partit d’un rire mauvais :
« A-t-on besoin de ces gens qui parlent sans cesse
Et ne font jamais rien ?… Il aime mon duvet,
Notre maître, autant que mon incroyable adresse.
Je suis à sa semblance et fais tout comme lui…
 
– C’est pour sûrement pour cela qu’il t’a mis en laisse !
Glisse le mistigri dont l’œil, dans l’ombre, luit.
Comme moi vous n’êtes utiles qu’aux quotidiennes
Petites joies d’un homme vivant à la bohémienne.
Mais je l’ai domestiqué, régnant derrière l’huis.
Nul besoin de cris ni de singeries pour ça, Frères :
Il est devenu mon esclave volontaire :
La plus solide et belle des cages est son amour ;
Sa tendresse, le meilleur des fers… tout velours. »
© Christian Satgé – décembre 2020

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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