Le zèbre rayé des cadres – Christian Satgé

Petite fable affable

Un drôle de zèbre ensavané,
Mais rayé au rebours de ses frères,
Portait la livrée des condamnés
Car il avait été en affaire
Avec des vautours et des hyènes,
Dans un mauvais coup, vil et vaseux.
Il en paya le prix : prison ferme.
Deux ans. Sans rémission du terme.

Point quinaud, un tantinet faraud
Ce sauvageon peu recommandable
Avait rejoint le troupeau : maraud,
Il avait été, hobby damnable ;
Il s’était rangé et un pardon
Avait été accordé. Fi donc !

Face aux jeunes zèbres, la justice
De Sire Lion il vilipendait.
Il se gaussait de la corde lisse,
De la potence où elle pendait
Attendant larron ou brute épaisse
De son espèce. La pire espèce.
De cet exemple de repentir
On craignait fort qu’il eût à pâtir.

En fait, s’il avait tourné la page,
Il n’avait pas le livre fermé.
La sagesse fuyant avec l’âge,
De médire en méfaits ont germé,
Chez ce trop piaffant quadrupède,
Des idées qui en rien ne vous aident :
Il s’en prit au roi, dent aiguisée,
Et finit au gibet déprisé.

Depuis, un mot court dans l’herbe sèche
Comme un zèbre, en souvenir du fol :
Mépriser la hart jamais n’empêche
Qu’on vous la passe, un matin, au col !

© Christian Satgé – février 2014

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
30 octobre 2018 21 h 24 min

On ne devient jamais totalement un autre..
bel exemple encore de nos connivences réciproques avec nos semblables
Merci Christian de nous faire réfléchir
amitié
Anne