Le voyage à Touba – Simone Gibert –

       Magal de TOUBA,

    ville sainte du Sénégal.

 

 

Des rires, des saluts,

Dans un tintamarre

Les passagers affluent,

Larguez les amarres !

 

Et nous voilà partis,

Un matin assez tôt

En mini-car taxi,

Le ciel est déjà chaud.

 

Voyageurs en boubou,

Tous discutent ou prient,

La-haut les casse-cou

Sont sur la galerie.

 

Le chauffeur aguerri

Evite les gros trous,

S’exclamant, il sourit,

Son regard est partout.

 

La route s’étire,

Les autres se poussent,

Pour éviter le pire,

Prenons par la brousse.

 

Et c’est en cahotant

Sur ou dans la sable

Que j’aperçois devant

Là, l’inénarrable !

 

Sur la droite un train

Bondé dedans, dessus,

En grappes de raisins,

Les gens sont suspendus !

 

Retrouvant la route,

Une même vision

Bientôt me déroute

Autour d’un camion !

 

Et si je proteste,

Craignant pour leur vie,

“Non pas dans ce contexte !”

Et mes voisins sourient.

 

Combien de fidèles

Vont-ils dans le ville

Ne rêvant que d’elle ?

Trois millions cinq cent mille !

 

“Regarde, Simone,

C’est la ville sainte !”

Les chants résonnent

Comme une plainte.

 

Les rues sont les mêmes

Dans le sable tracées,

Mais partout elles mènent

A la grande mosquée.

 

Le bus se gare,

Nous sommes arrivés,

Et tous les gens du car

Sont ici hébergés.

 

Dans cette demeure,

Les femmes s’affairent,

Il est bientôt l’heure

Du thé dans les verres.

 

Un boubou emprunté

Ne me dispense pas

De la curiosité,

Je ne me conviens pas.

 

Le maître de maison

Plein de déférence

Fait baisser la tension,

Quelle expérience !

 

Et pour ne pas faillir,

Me voici dans la cour

Où pour mieux m’accueillir,

J’ai un fauteuil de “cour”.

 

Les uns sur des chaises,

Les autres sur des nattes,

Ils palabrent à l’aise,

Des bébés s’ébattent.

 

Puis c’est dans la chambre

Que le repas servi,

Je devrai attendre,

Pendant que les gens prient.

 

Moi qui n’ai pas de foi,

J’observe les croyants

Imaginant le poids

Qu’ils balayent en priant …

 

C‘est dans l’après-midi

Que m’absorbent les rues,

Apostrophes et cris,

L’oncle a disparu …

 

Tout près, un homme crie :

“Mettez-lui un foulard !”,

Et mon état d’esprit

Sombre dans le brouillard.

 

Et plus loin, encore :

“Attention au collier !”

Il n’y a pas de port

Qui ne soit épargné.

 

Près des grandes mosquées,

La foule nous étreint,

Moi je suis agrippée

Au boubou du voisin.

 

Le pèlerinage

Durera trois journées,

Il serait plus sage

Maintenant de rentrer.

 

Avant de se coucher,

Brillamment le soleil

Irradie les mosquées

D’un bel halo vermeil.

 

Et du bleuté des murs

De la grande mosquée

Monte un murmure

De la foule assemblée.

 

Chantez les muezzins

L’appel aux prières !

Les mosquées voisines

Répondent de concert.

 

La nuit d’un noir d’encre

S’étend sur la ville,

Il faut que je rentre,

Je suis inutile.

.

©Simone Gibert – 9/11/2018

 

 

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4 Commentaires
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Christian Satgé
Membre
11 novembre 2018 13 h 55 min

Un voyage haut en couleurs où vous nous embraquez avec bonheur et une joviale connivence du meilleur aloi. Bravo et merci Simone…

Anne Cailloux
Membre
11 novembre 2018 13 h 54 min

Merci de ce beau voyage, plus vrai que nature<;
<on s'y croirais, j'y étais vraiment. Vos mots sont très physique
très bel écrit
merci pour cela
Anne