Petite fable affable Sous les taillis, un tatou trottinait, Se frayant, effrayé par des javelines, Une route sûre non sans peiner. Il s’enfuit. Il s’enfouit dans la colline. Terré au trou, le tatou atterré Sent une présence. Là, une panthère s’est enterrée. « J’ai bien moins d’aisance, Lui dit-elle, avec toi à mes côtés. Quelle est donc ta race, Mon Ami ?… La Nature m’a ôté, Cruelle disgrâce, La vue. » L’autre se sent rasséréné : « Je suis grosse et grasse Bête ayant bon pied, bon œil, bon nez, Parée de cuirasse. | – Tu es donc redoutable prédateur ! – Fourmis et termites Me craignent car j’en suis dévastateur… Sans nulle limite ! – Oh !… Pardon si je te passe en revue : Je suis Ignorance ; Étant fort jeune et n’ayant jamais vu… Je n’ai pas la chance De porter carapace comme toi. Sûr, cela protège ?! – Le plus pratique et le plus sûr des toits ! – Et cela s’allège ? – Il vaut mieux pas car j’ai le ventre mou Et suis bête lente. – Vraiment ?! dit l’autre en lui croquant la joue. Bête… et succulente ! » Il faut se connaître, et pas à demi, Mais sur ce qu’on en sait faire silence : On pourrait inspirer ses ennemis Ou, pire, leur fournir plus d’une lance. . © Christian Satgé – septembre 2011 |