Le Sursis – Liliane Richard

Entends-tu Camille, ce jour de Mars

Le bruissement des arbres qui s’éveillent

Et s’étirent longuement,

Encore tout engourdis par les frimas de l’hiver?

Vois-tu les bourgeons, tout ruisselants de sève nouvelle,

Accoucher de leurs tendres feuilles

Au rythme du chant entêtant d’un coucou frileux?

Les prairies multicolores ondulent

Sous la brise tiède et parfumée,

Et les fleurs dressent fièrement leur corolle,

Prêtes à offrir leur nectar sucré,

A l’abeille fébrile friande de douceurs.

L’antre du nid douillet

Caché sous les ramages nouveaux,

S’est rempli d’une couvée agitée d’oisillons affamés,

Dont les becs béants, tendus vers le ciel,

Espèrent une maigre pitance.

A la lumière dorée du crépuscule,

Un ballet éphémère de papillons blancs,

Joue sa dernière représentation,

Tandis que le crapaud immobile,

Tapi dans la mousse,

Attend patiemment la chute du rideau.

Sens-tu Camille, dans les bois et campagnes,

Battre le coeur de la nature?

Son souffle de vie, joue une enivrante symphonie

Mêlée de musique, de chants, de parfums,

Et de couleurs flamboyantes.

Pourtant, lasse et meurtrie,

La Terre se pare une fois encore

De ses habits de fête,

Elle feint de faire la coquette,

Mais ses enfants l’ont pillée, souillée, abandonnée.

Et le Soleil, ignorant sa souffrance,

Comme d’habitude lui sourit,

Heureux de célébrer avec sa belle,

Le cycle immuable de leur union céleste.

Viens Camille, rentrons et hâtons-nous…

Le Monde se meurt lentement…

 

 

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1 Commentaire
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Invité
14 mars 2019 22 h 06 min

Sublime
un bel écrit sur une triste chute de notre planète
Au plaisir de vous lire Liliane