Le Roi des Aulnes – Hubert du Clos Lus

 

Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?

Qui chevauche si tard ? Le  père et son enfant.

Le père tient son fils dans ses bras fermement

Il le serre sur lui. Il réchauffe l’enfant.

 

Mon fils, de quoi te camoufles-tu le visage ?

Père, tu ne vois pas, là-bas, le Roi des Aulnes?

Le Roi avec sa longue traîne et sa couronne?

Mon fils, ce n’est rien qu’une brume qui surnage

 

Viens donc, mon cher enfant, viens me voir si tu veux

Je jouerai avec toi à de si jolis jeux !

Sur la rive il y a des fleurs multicolores

Et ma mère possède maintes robes d’or

 

Père, père, n’entends-tu pas ce que le Roi

Des Aulnes me promet avec sa douce voix ?

Reste calme, mon fils, sois calme, mon enfant

Ce qui fait murmurer les feuilles, c’est le vent.

 

 

 

Veux-tu, gentil garçon, partir avec moi, dis?

Mes filles vont savoir te divertir les sens

Mes filles mèneront la ronde cette nuit

Elles te berceront de leurs chants et leurs danses

 

Père-et les filles du Roi des Aulnes, au loin,

Tu ne les vois donc pas, dans ce sombre recoin?

Mon fils, mon fils, mais si, je vois très bien d’ici

Mais ce sont les vieux saules qui semblent si gris

 

Je t’aime – je suis fou de ta belle apparence

Et si tu ne veux pas – j’userai de violence!

Père, père – le Roi commence à m’empoigner

Le Roi des Aulnes m’a fait mal, il m’a blessé !

 

Le père, épouvanté, fonce tout droit devant

Il soutient dans ses bras son fils agonisant

Il galope et arrive à grand peine à bon port

Mais dans ses bras, déjà, son enfant était mort.

***

© Hubert du Clos Lus – 2018 (en alexandrins)

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