Le poulet et les cocottes – Christian Satgé

Petite fable affable

La volaille faisait basse cour
Au poulet qui fliquait ses coutumes
Et pratiques, non sans amertume.
Comme tous les petits coqs, ce court
Sur pattes ergotant, est un grand con.
Aussi chez coquelets et coquettes
Sur ce tyran, sans fin, on caquette :
C’est donc à qui est le plus fécond
D’idées pour s’en débarrasser vite ;
Qu’importent la façon et ses suites.

Plus on a parlé, chez la poulaille,
Plus on parle : certes elle hait
Les despotes qui rendent muet,
Mais craint plus encore la pagaille.
« Nous nous ferons toujours pigeonner :
Oie toujours plumée, de toute farce
Dindons,… D’un complot soyons comparses
Pour que l’échec ne nous pende au nez
Il faut que ce buté-là on bute,
Qu’on étête l’entêté si brute ! »

Ainsi la poule glousse parla.
Les autres, plus haut, plus fort, criaillent.
Une jeune alors glousse : « Piaillent
Veules et vains. Allez au-delà !…
“L’idée que l’on ne traduit pas
En acte n’est qu’un rêve inutile !”
Disait notre père et, dans son style,
Il rajoutait, c’est pas fortuit :
“Seulement nourri d’espoir un songe
Devient vite une erreur qui vous ronge !” »

© Christian Satgé – décembre 2015

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
13 janvier 2019 13 h 50 min

On piaille, on glousse, on caquette, on fomente dans ce poulailler !!! Merci pour cette amusante fable qui m’envoie à la campagne par la pensée .Bien amicalement, Simone.

Invité
13 janvier 2019 11 h 58 min

J’ai toujours aimé les coqs, j’en avais un étant enfant, cette basse cour qui caquette dans votre poème, c’est bien le reflet de certaines personnes, parler pour ne rien dire, seuls les actes comptent. Bon dimanche Christian.

Laurence de Koninck
Membre
12 janvier 2019 14 h 01 min

Jolie plume au pays des coqs et des cocottes… Bravo Christian, la basse cour devient morceau choisi en vos mots qui font mouche.