Le poète qui se la pète – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Se déchirent les noirs qui vêtent la nuit…
Jà, deux ailes crissent, pour tromper l’ennui.
Sous l’ombrelle esquissée d’une délicate ombelle,
Un humble grillon troubadour chante les belles
Des champs, leur douceur et leurs aimables appâts
Qui sauront faire quelques papas, pas à pas.
 
Jusqu’à l’heure où les muses, dans l’ombre, musardent
Voix trémulante et air inspiré, il se hasarde
À mettre en vers les joies des joutes des amants, 
Et en musique le feu des jeux le plus charmants,
Pas toujours finaud, ce grimaud dit les délices
Intimes qui rendent tout un chacun délice.
 
Mais ce quinaud, dans ses cothurnes, a un caillou :
Une épouse à laquelle cet ancien voyou,
S’est, certes, accoutumé mais qu’hélas, sans vergogne,
Il trompe ; et il moque la fidélité qui rogne
L’envol des mâles et ceux qui, comme les pigeons,
S’y livrent, vils, faibles ou chattemites clergeons.
 
Ce chantre aussi fustige l’épouse volage,
Le voleur de pucelage, les mères avant l’âge,
Les courtauds et les proprets aimant cet amour
« Contre nature » comme il dit car, de toujours,
Chez les siens on décroit qu’on puisse un jour
Aimer son ou sa pareil(le), car c’est périlleux
Et navrant travers qui rend Dieu vétilleux.
 
C’est ainsi, l’imbécile jà sans pitié
Pour les vertus qu’il n’aura jamais, fort déroutantes
Pratiques, est sans charité ni amitié
Pour les prétendus vices qui point ne le tentent…
 
© Christian Satgé – avril 2019
Tableau « L’inspiration » de Jean-Honoré Fragonard, Huile sur toile, 80 × 64 cm, 1769, Musée du Louvre, Paris

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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