Le père noel est un menteur – Anne Cailloux

Noël approche et l’effervescence des fêtes se ressent dans un devenir proche.
Père Noël, je prends ma plume pour vous griffonner ces quelques locutions, le temps est venu de solder mon compte.

Il y a si longtemps que.. je ne sais plus.

Nous vous avions croisé un jour dans un supermarché, le Dieu vivant des enfants… vous m’avez murmuré au creux de l’oreille : Si tu es sage tu pourras avoir de jolis cadeaux. Bien sûr qu’on était sage.
Je me souviens, comme si c’était hier, ce Noël là, je ne l’ai jamais oublié.

J’avais 6 ans, j’ai mis un temps infini pour faire votre lettre, je voulais, qu’elle soit la plus belle, j’ai commencé cette lettre avec : Papa Noël j’ai été très sage, parce que c’était la vérité. Je vous ai promis sûrement d’autres choses, qui de toute façon aurait été faites. J’ai commandé une paire de patins et diverses petits jouets. Mon frère, vous a commandé un vélo.

Nous avons attendu sagement car nous étions certains d’avoir ces présents, puisque nous avions été sages comme des images.

Le lendemain il n’y avait pas grand chose au pied du sapin, une petite poupée et quelques soldats pour mon frère. Mes autres frères et sœurs étaient assez grands pour ne plus croire en vous.
Le ciel m’est tombé sur la tête, j’ai cherché partout ma paire de patin, je ne l’ai jamais vue. J’ai pleuré, j’ai crié que j’avais été sage, que le père Noël était vilain et que c’était un menteur. Maman m’a consolée comme elle a pu en disant que vous n’aviez pas assez d’argent pour tout le monde et ni le temps.
Je pense que ce jour-là que ma confiance envers les adultes s’est brouillée.


Les années ont passé, la douleur est toujours là, mais ce n’est plus la même. Je comprends  que mes parents avaient un crédit sur la maison à rembourser, ils avaient 5 enfants à nourrir et maman qui ne pouvait pas travailler, trop malade, c’était extrêmement difficile pour eux. Je regrette tellement qu’ils n’aient pas pus nous offrir ses patins et ce vélo, simplement pour le mal que ça leur a fait, de ne pas pouvoir le faire, de nous voir avec ses larmes… Mais rassurez vous, c’est loin d’être du Émile Zola.

Maman s’arrangeait et avec les années nous t’avons oublié..

Père Noël, il serait bon que tu fasses attention à tes paroles, soit un petit peu plus psychologue. On ne peut pas promettre des monts et des merveilles à des enfants qui n’auront rien.

Mais tu nous a offert ses souvenirs inoubliables qui ressemblent plus à un cauchemar qu’un rêve.

Ne t’inquiète pas Père Noël le plus important, tu n’aurais jamais pu nous l’offrir, nous l’avions déjà, c’est l’amour de nos parents.

D’ailleurs je tiens à te remercier pour tous ces cadeaux que nous avons jamais eu. C’est justement tout ça, qui a fait de nous ce qu’on est aujourd’hui, ce respect que l’on a dans chaque être humain et les valeurs qui vont avec. C’est des cadeaux pour nous et ce n’était pas qu’à Noël, c’était tous les jours de l année. 

Quel pied ces voitures et ses trains fabriqués avec des boîtes de camemberts ! Ma belle montre en diamant découpée dans un catalogue la redoute… Dit moi, père Noël, tu en as offert beaucoup des comme ça ? Tu as bien fait de le garder pour toi ce vélo et cette paire de patins, tu n’aurais pas pu me faire un plus beau cadeau.

Nous avons appris une chose, c’est d’offrir son amour et sa tendresse tout au long de sa vie.. et ça, c’est cadeau !

Alors juste une dernière chose Père Noël, oublie mon adresse, oublie mon nom, si tu me croises dans un supermarché, ne me regarde même pas, sinon je t’envoie mon copain le Père Fouettard et lui existe vraiment. Fait attention à tes rennes, ils le méritent.

Adieu vilain..

 

©Anne Cailloux

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (334)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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15 Commentaires
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Philippe X
Membre
15 novembre 2018 2 h 23 min

Votre “barbu” était un nain posteur de fausses joies..je le savais qu’il était une ordure mais de là à vous faire croire qu’il n’existait pas !

Invité
9 novembre 2018 13 h 35 min

J’ai toujours pensé qu’il fallait laisser le père Noël à Coca Cola et ses amis de l’ultra consommation. Je hais pour ma part le mois de décembre et je vous remercie de faire apparemment partie de ma tribu !

Invité
9 novembre 2018 10 h 53 min

Merci pour ce texte si vrai, qui réveille en moi beaucoup de Noël ! Bonne journée.

Christian Satgé
Membre
9 novembre 2018 4 h 53 min

Un texte de saisons (ou presque) si l’on en juge par les Temples de al consommation que vous évoquez ici. Un beau travail d’écriture, plein d’humour et de tendresse dans le fond, qui prend assez vite le contrepied de ce qui le fait démarrer. Bravo. Comme j’ai la rotondité du père Noël, à défaut de sa barbe et de ses rennes, avec un peu de retard, voici pour vous : https://www.coolriders.org/choisir-ses-rollers/le-patin-a-roulettes/

O Delloly
Membre
8 novembre 2018 22 h 48 min

c’est si vrai parfois pour certains enfants…. j’ai apprécié me rappelant scènes de nièces
merci Anne