Le paresseux pressé – Christian Satgé

Petite fable affable

Un paresseux ne pensait pas ou pensait peu
Perdu dans ses songes, pendu comme liane,
Attendant que la mousse velue, quand il pleut,
Lui recouvre, nouveau pelage, corps et couenne.
Il stagnait, le doigts plus affûté que l’esprit,
Fardeau aux arbres, risée des oiseaux, des singes,
Parce que ses pères ont fait, malgré le mépris,
Ainsi et que tous ses pairs, sans plus de méninges,
Le font aussi. La tradition n’a pas de prix !

Telle est sa philosophie, forte comme enclume :
« Dormir douze heures par jour, la belle coutume,
Quand le monde va criant, courant,… au trépas ! »
« Pourquoi de sa lenteur faire un mea culpa ? »
Tel dit son credo, sans honte ni amertume :
« Vivre pendu comme un sac, lichens en costume,
Quelle joie et quel pied… pour qui n’en a pas ! »
« Laissons s’agiter en vain sylves et pampas ! »

Son fils pourtant, rebelle à toute loi, se presse
Et véloce imprudent,  fait, lorsqu’il se trouve au sol,
Ses six mètres minute quand trois, avec adresse,
Est le maximum que les siens font. Le fol !
Rien n’y fait cet acrobate veut vivre vite,
Impossible de le contraindre ou raisonner :
« Ce n’est pas parce que je ne vis comme l’apôtre
De la majorité que je fais mal, siphonné
Et, pis, s’ils font tous ceci ou cela, “les autres”,
Tu le reproduis, toi, sans te questionner ? »

© Christian Satgé – juillet 2017

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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