Le parcours du combatant – Anne Cailloux

Métro… Paris 8h du mat.. Charles de gaule étoile.

Métropolitain : cosmopolite dans toute sa splendeur, l’univers tout entier se promène dans tes couloirs. Les temps ont changé, les wagons sont devenus des pistes de cirque : asseyez vous et regardez, que vous soyez d’accord ou pas, vous allez devenir un acteur à part entière…

Le savoir vivre ne passe plus dans les tourniquets du métro et l’intolérance s’écoule lentement dans les  ”dégoûts” de Paris. L’éducation est : Vous avez dit quoi ? Éducation ? Quel est ce mot barbare et si étrange…

Ne rêvez pas Messieurs Dames, vous n’aurez pas la meilleure place, même avec votre carte d’invalidité, les places principales sont réservées aux sacs à dos. Finis le temps ou vous leur disiez: Aux pieds et pas bougé… Ils trônent désormais fièrement au dos de leurs propriétaires, distribuant des droites et des gauches, tournant, vous écrasant la tête contre la vitre, virant une immunité diplomatique et une impunité totale.

De loin avec un brouillard, vous ressemblez à un wagon d’animaux partant pour l’abattoir.

On ne respire plus, on pousse, on crache, on tousse, les ADN se mélangent, les microbes aussi, les périmètres de sécurité rétrécissent, les bourgeois vous toisent dans les vitres, votre odeur n’est pas celle de l’oseille mais des pissenlits, vous sentez la banlieue à plein nez ; ils reculent en vous regardant avec fiel, à croire que l’indigence est contagieuse…

La jeunesse reste scotchée sur les strapontins ; malgré les heures de pointe, rien y fait. Ils ne se lèveront pas, même si vous leur mettiez la tête sur le billot : c’est un état d’esprit chez eux, la suffisance.

Une battle se met en marche, sur le podium se retrouvent ;Les conversations téléphoniques qui se font à vive voix et en haut parleur, suivies de très près par les jeux vidéos qui se battent contre le film du moment.

Je vous avais bien dit que vous alliez être acteur.

Les vieux messieurs restent debout, dans une indifférence totale, mieux, quand la porte du wagon s’ouvre, ils sont bousculés par les plus jeunes qui se jettent sur les places vides, comme la pauvreté sur une pièce d’or.

 

Une jeune fille reste assise malgré le monde et les odeurs qui montent en cadence avec le tic-tac du temps. Une femme ose, elle demande poliment avec les us et les coutumes si potentiellement, elle pourrait lever son séant sacré.. La réponse fut : Je suis enceinte. L’estocade fut portée à la mère et l’enfant imaginaire par cette femme qui posa une question : Vous êtes enceinte depuis quand ? Hier soir ? ..Enfin une ébauche de sourire dans ce monde de brutes.

Dans le fond du wagon, une femme avec tristesse dit à une autre : N’ayez pas peur madame, l’obésité, n’est pas contagieuse.

Vous auriez plus de chance de voir le Messie que de voir… une poussette vide et non pliée à 19h heures, heure de pointe dans le métro. .. et pourtant ce fut fait..

Sans oublier certain, qui se collent un peu trop près, dans un plaisir évident, voir parfois, dans des plaisanteries grivoises ou le toucher remplace le langage. Surtout, ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire….

Quoi qu’il arrive, l’omerta est de mise…

L’anarchie se fait, le monde tourne à l’envers.

Où sont passées les consciences, les sourires, les mercis, les  ( venez vous asseoir monsieur), les bonnes journées, les sourires des commerçants, l’humour, l’amour et le respect pour son prochain…

D’une bonne éducation et d’un savoir vivre, je suis fière de mes racines et de ce que je suis : une fille de la banlieue nord..

©2018 Anne Cailloux

 

Nombre de Vues:

44 vues
Anne Cailloux

Anne Cailloux (339)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

S'abonner
Me notifier pour :
guest

11 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Invité
15 mars 2018 8 h 22 min

Bonjour Anne merci pour ce beau et touchant partage
Mes amitiés
fattoum.

Christian Satgé
Membre
15 mars 2018 6 h 13 min

Un propos en forme de point de vue qui vaut tous les articles de presse et les commentaires sur le sujet…
Merci Anne de nous rappeler un prosaïque quotidien qui s’est si facilement se faire insupportable.
Amitiés

Invité
15 mars 2018 3 h 59 min

C’est peut-être un peu pessimiste mais on y est ! L’humour fait passer la dureté du message.

Invité
15 mars 2018 0 h 49 min

Bonsoir Anne
Très juste et triste tableau d’une réalité consternante…
Merci pour ce récit très imagé qui fait revivre des situations vécues.
Bises

Chantal

O Delloly
Membre
14 mars 2018 23 h 58 min

si vrai Anne ! Ce qui est horripilant est le regard d’innocent, d’abruti, de pauvre agressé
lorsque l’on ose faire une remarque pour moramlité, aider… ; l’indifférence règne maintenant dans ce monde de fous
tous se baladent en leur maison, comme s’ils y étaient…
merci pour ce partage conté avec humour
Oli