Le paon pris en faute – Christian Satgé

Petite fable affable
Du temps où les animaux parlaient,
Ils avaient, nous dit-on, la télé.
Depuis, qu’en plus, ils réfléchissent
Ce vice est parti aux immondices.
Chez les bêtes, on fit ministre un paon,
Avec pour portefeuille l’école
Qu’il réforma par blocs non par pans
Pour que les jeunes esprits décollent
Le nez qu’ils collaient de leurs écrans
Du matin au soir, petits ou grands.
On invita ce paon dans le poste
Avec de gentils enfants, sans riposte,
Des gosses comme on rêverait
Là où, déjà, on les révérait.
Il leur fait dictée car c’est la mode
Qu’il veut remettre au goût de ses jours.
L’exercice est sûr et fort commode
Un de ces classiques de toujours
Que l’on goûte pourvu que le fassent
Sa progéniture ou les bidasses.
Mais quand vient la conjugaison,
Un passé simple fit, sans raison,
Déraper le paon qui mit le verbe
« Courir » à ce vieux temps superbe
Dans une étrange sauce : « il coura »
Remplaça « il courut » !… Fait comme un rat,
Ayant jà fauté à la personne
Première du singulier
– « Je couru » pour « Je courus » – il sonne
La récré : la langue déliée,
Une gamine, polie, releva
 L’erreur. Hélas ! On en resta là…
Il en va ainsi de ces cuistres
Qui veulent vous faire la leçon
Quand il leur faudrait, soient-il ministres
Ou pas, en prendre avant, et sans façon,
Que de nous pomper l’air à tout défaire
Pour avoir l’impression de « faire ».
© Christian Satgé – octobre 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Brahim Boumedien
Membre
30 novembre 2019 22 h 05 min

Et oui, cher ami , si chacun “faisait son métier, les vaches seraient bien gardées”. Il se trouve que depuis que la mode des paons, se répand….

Merci, pour ce partage intéressant et utile !

Anne Cailloux
Membre
30 novembre 2019 20 h 24 min

HA…. Il mériterait sa place dans tout les journaux ce joli post, ce bel écrit..
Alors là c’est bien dit et bien compris.
je couru presque pour le lire…
Merci à toi Christian, j’adore
Anne