Un loup galeux promenait son infortune
quand il aperçut dans la prairie, si jolie
une brebis frappée de sourde mélancolie.
Il s’approcha; la doucette toute opportune
lui conta son malheur d’être trop crédule!
“Mes sœurs m’ont chassé sans scrupule
tu bavardes trop surtout avec des inconnus
méfies-toi du loup, il va te dévorer crue!”
Celui-ci écoutait cette Cosette bien tendre
Il jubilait, remerciait Satan de le comprendre.
“Brebis, vous êtes ainsi telle qu’on dit au village.
Si j’étais jeune, je mettrais mon cœur en cage.
Les temps sont difficiles, la faim me provoque
Vais-je finir avec un seul œuf à la coque?
Ne m’en voulez pas si je me lèche les babines
je suis un brave routard qui vit de combines,
même pas retraité tant le pays est rabougri!
Par pitié, laissez-moi caresser votre mistigri!
Que ne suis-je pas né dans une étable
entouré des miens, câliné, respectable!”
Le loup se mit à pleurer, la brebis magnanime
compatit aux déboires de l’ancêtre cacochyme!
“Loup! J’aime les anciens malgré mon jeune âge!
Dommage! Je cherche un vieux dans l’opulence!
Passe ton chemin, pour toi l’asile est je pense
la dernière chance de mourir dans une cage!”
Le loup prit son baluchon, héla un pauvre manant.
“Je ne reconnais plus la France”,dit-il en bougonnant!
© Georges CAMBON
Voilà une fable bien édifiante… sur le steps qui courent. Merci Georges et brio pour ce partage.