Le lion sot – Christian Satgé

          Petite fable affable

« Un fils aîné m’est né ?… Tudieu, à mon âge ? »
La face froncée de soucis, le roi rugit
Maître incontesté, par ici, de l’ici-gît.
Ce vieux mâle ne peut contenir sa rage.
Fauve acariâtre, aux colères indomptées,
Souverain de sujets aux heures jà comptées,
Adepte, tout enfant déjà, du crétinisme
Militant, il va enfin devenir papa.
Sa première dame – il ne le croit vraiment pas ! –
Serait grosse de ses œuvres. Charlatanisme !

Étant de ces bêtes qui, allègrement, pissent
Das le marigot après s’y être abreuvé,
Il sermonne toutes ces jeunes dépravées
Qui forment son harem, sans vergogne complices
De celle qui, las, ne peut avoir que fauté
Car aucune de ses belles-là, il n’a sauté…
De longtemps. Mais la plus âgée de ces femelles
Le reprend : « De quoi te plains-tu, dis, Grand Bêta ?
– Le Lion s’appelle Léon – Que dans ce tas
Il n’est pas seulement croupions et mamelles ?

Il le faut un dauphin, non, pour garder ton trône ?
Une fille ayant plus que toi le sens de l’État,
Sans qu’il t’en coûte mie, sur quelque galetas,
Te le donne. Où est le problème ? – Félonne
Elle a crotté surtout mon nom et mon honneur.
Et ce sans vergogne ! – Que vaut donc le bonheur,
D’avoir un successeur qui soit, je le concède,
De votre rang, Maître, à défaut de votre sang ?!

– Que vont penser mes pairs aux dires avilissants,
Et mes sujets à qui sur rien je ne cède ?

– Cite Héraclite : “Celui qui n’espère pas
Ne rencontrera pas l’inespéré » ; Immonde
Est le soupçon donc fais un plantureux repas
De ces fourbes et fats mais n’en fais pas un monde !
Car nul ne doute de la parole d’un roi
Quand sa férocité accule au désarroi ! »

*

© Christian Satgé  – juin 2018

 

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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