| Pette fable affable « Allons fanfaronne, larronne d’ipomée, Tu ne verras jamais les cimes où je m’élève. Et tu seras toujours en ton buisson paumée ! S’écrie le lierre, la fierté en sa sève. Comme un couvre-sol, toi, tu gis à mes pieds Plante infime, indigne liane estropiée. – Peut me chaut, vert crampon ! Pour en arriver là, Tu es obligé de t’agripper à ton chêne, Tout collé à son tronc, l’enserrant aux jours las, L’embrassant aux nuits rompues comme on s’enchaîne, Vautré sans dignité comme un serf aux vouloirs De cet arbre qui t’est, las, plus qu’un reposoir ! – Et toi, l’Amie, que serais-tu sans ton fourré ? – Sur ce taillis-là je me pose et me repose, Légère et fleuris à loisir ses ajourés. Et toi l’étau, as-tu corolle à offrir, rose Ou blanche ?… Eh, non mais tu as vu quelle horreur Te sert d’ornement, dis-moi, noble discoureur ? – La paix, je vous prie… et un peu d’humilité ! S’exclame, lassé par ces vents, un simple trèfle. Moi qui n’envie ni ne suis, en vérité, Envié de personne et vaux, las, moins que nèfles, Je le dis, qu’importe votre élévation Ou son poids… vous avez même filiation ; Celle de ces êtres rampants qui doivent tout A d’autres, alors que moi en donnant à boire À qui a soif et à manger à qui, bon pistou, À faim tout humblement, et cela sans m’en croire, Restant, en tout cas, à ma place et mon rang, C’est en étant moi-même, amis, que je me sens grand ! » © Christian Satgé – janvier 2018 |