Le Condamné – Dominique Capo

Parce que je ne suis qu’un homme condamné à te déifier, mon aimée, je ne peux que pleurer des larmes de sang lorsque je contemple cette sensualité qui émane de toi à chaque fois que je suis en face de toi. Je ne peux que hurler mon désespoir et craindre la colère de ces Dieux Obscurs qui me condamnent à une Éternité de douleur. Je ne peux que sentir les griffes acérées de la terreur me déchirer les entrailles et m’écrouler en suppliant la mort de m’emporter, lorsque la luminescence qui s’échappe de toi, malgré toi, me touche au plus profond de mon âme. Et je ne peux que frémir de frayeur lorsque je devine ton regard incandescent se poser sur la forme monstrueuse que je suis.

Car, comment me définir autrement que par ce terme né des ténèbres les plus impures ? Ne suis-je pas celui par lequel le malheur arrive ? N’incarne-je pas la honte et les erreurs du Créateur ? Mon Destin n’est t’il pas d’être ce Marcheur dont on a arraché l’espoir du cœur ; ce Banni dont on se rit et dont les seul foyers se nomme “fange” et “bauge”.

Alors que toi, mon Aimée, tu représente toute la Beauté du Monde. Tu n’es que prestance et charme infini. Tu n’es que désir et sensualité. Tu n’es qu’érotisme et féminité incarnés. Comment tous ceux que tu pris, pour une nuit ou pour mille vies, ne succomberaient t’ils pas à cette exaltation née de la grâce et de la séduction que tu déverse immodérément ? Ils n’ont pas le choix, mon Aimée. Puisque, une fois que l’un d’entre nous a l’insigne bonheur de se retrouver pris dans tes filets, de merveilleuse, l’existence en devient insipide. Ni saveur ni valeur, rien n’existe plus que si tu t’en réjouis. Et tant pis si nous n’avons plus notre libre arbitre ; du moment que toi, tu nous as choisi.

Dévoreuse, tu l’es certainement. Mais nos corps ne sont que là pour te satisfaire. Et si je me plie, moi aussi à tes exigences, ce n’est que comme tout autre, je ne suis qu’un condamné de cette Terre, qu’un exilé de ce Monde, qu’un Marcheur volontaire, dont le souffle t’appartient. Dont le cœur bat à l’unisson du tien pour le nourrir. De ces rêves et de ces songes qui t’honorent continuellement…

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Anne Cailloux
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24 juillet 2017 11 h 42 min

Esclave, Etre libre de vouloir porter les chaines de l’autre, de désirer cela, plus que tout autre chose. de ne plus vivre sans.