Le chien et l’enfant – Christian Satgé

Petite fable affable d’après un conte d’Alphonse Allais 

Au siècle qui fit du fer fils et chemins,

 Ponts ou bras et, pour les gants de velours, des mains,

Bref, à l’âge du fer, un homme ayant la trempe

De ce métal, grisant du côté de ses tempes,

Offrit au seul héritier de ses nom et biens,

Lui, le capitaine d’industrie, un gros chien.

Bien dressée, élevée au mieux la pauvre bête

N’était que servile docilité, courbettes,…

L’enfant, petit, jouait avec cet animal

Énorme, qui aurait pu lui faire très mal ;

Par mégarde, car il était de caractère

Aussi doux que de poil : un toutou grabataire !

 

Pour que l’enfant ne se fatigue pas trop

Dans ses jeux avec ce limier pataud, noiraud,

On fit confectionner un petit attelage

Que, jamais cabot, le chien tirait au village,

Sur la propriété, par les champs du magnat

Sans se lasser, grogner, gronder,… cahin-caha.

Un jour qu’il promenait l’enfant en sa voiture

Le long d’un vieux canal, il vit une créature

À l’eau ; rien qu’un gamin qui s’y rafraîchissait.

Écoutant son instinct, l’animal si doucet,

Avec la charrette et… son cocher tout perplexe,

Plongea donc pour sauver l’inconnu sans complexe.

 

Ainsi pour repêcher un drôle jamais vu,

Qui n’en demandait pas tant, pris au dépourvu,

Il noya le fils de son maître, qu’à sa garde

On avait confié, ainsi que la guimbarde.

Le nageur fut puni et le chien mis aux fers

Par notre industriel qui voua à l’enfer

Ces irresponsables dont le vil crime, atroce,

Engraissa avocats et journalistes rosses

Pendant la décennie, au moins, qui le suivit.

Et l’on dit que, depuis, l’homme bien mal survit…

Qui commet une erreur qui s’avère une faute

Ne devrait s’en prendre qu’à lui, remords en hôte !

© Christian Satgé – janvier 2014

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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