Le chien de ferme à la ville – Christian Satgé

Petite fable affable

Un tout jeune chien de ferme
Était si adroit et beau
Qu’il fut offert en cadeau,
En sus du dernier terme
Que réglait, sous le manteau,
Au prêteur du bourg, le couple
Qui l’avait rendu si souple.

L’animal s’habitua
Vite aux us du nouveau maître,
Et, bien qu’il manquât d’y naître,
Au bourg. Il s’évertua
À faire et, mieux, à paraître
Plus citadin qu’animal
Urbain, le port royal.

Il prit l’accent de la ville,
Ne vacarmant plus, Monsieur,
Dans son patois disgracieux,
Cette écume de prés, vile,
Qui, sous ces augustes cieux,
Est la marque de naissance
Qui fait tache et indécence.

Il marchait d’un pas altier,
Morguant les paysans rustres,
Lie de lice la plus fruste ;
Oubliant les siens sentiers,
Il comprit, en moins d’un lustre,
Qu’il n’était plus de leur monde
Comme tous les fats immondes.

Tous les murs de nos belles cités se forment
Du bris des maisons rurales, c’est la norme.
Mais menez un chien de nos champs à la ville,
Le premier qu’il mordra sera paysan
Tant il deviendra, et vite, suffisant…

© Christian Satgé – octobre 2012

 

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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