Le chien battu – Christian Satgé

Petite fable affable d’après L.-L. Buron
 
Sur mon trottoir, un quidam battait son chien
Pour lui avoir chapardé, plus tôt, un bien.
Sous les coups, la bête, étique, pleurait. La presse
S’indifférait de ses jappements de détresse
Ou s’en rassasiait, voire, hélas, s’en moquait.
Alors que le maître sentait vinasse de troquet.

Pourtant, un chaland prou simple et plus débonnaire
Que ses pairs, mu par la colère, fit un tonnerre
De reproches à l’ingrat bourreau traitant si mal
Son bon compagnon, ne soit-il qu’un animal.
« Qui pourrait donc aimer la voix qui le tourmente
Même de force forcé, la main véhémente 
Du tortionnaire qui ajoute à ses cris
Vains de vils coups ? » fit ce passant en ses récris.

Notre toutou geignard voyant tancé son maître
Le croit agressé et mord qui osa se mettre
Entre eux deux, en en oubliant jusqu’aux raisons
Pour lesquelles on s’agitait sans comparaison.
Outré de l’injustice, l’intervenant quitte,
Maugréant, ce duo réconcilié de suite.

Leçon de pareille aventure, mes amis ?
Contre les pédants crottés, et pas à demi,
De l’Université je tiens – maintiens ! – qu’on baise,
Et très volontiers, l’instrument qui vous lèse
Et châtie alors que l’on n’est reconnaissant
Mie à qui, ami sincère ou simple passant,
Voudrait vous protéger un peu des conséquences
Abusives de sa folle grandiloquence.

 
© Christian Satgé – novembre 2018

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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