Le chat pelé de la cathédrale – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Ayant l’air dépit et le poil qui pèle,
Un matou matois, aimant prou les chapelles
Et les châteaux forts s’éprit, à défaut,
Du chapitre de notre cathédrale
Où un fort sombre clerc, au regard faux,
L’éduqua en maints savoirs et morale.

 

Ainsi le greffier griffu apprit
Ss lettres et, mieux, pour le même prix
Se frotta donc à la littérature
De ce temps, y gagnant pour surnom
« Perd ses poils le galeux », car la nature
L’avait hélas peu gâté, Nom de Non !

 

Errant et fuyant les effets de foule,
Quoiqu’il chahutât par souvent les poules
Du lieu, il traînait, là, avec lui
Une air de maussaderie éternelle,
Allant le pas chaloupé, l’œil qui luit.
Même chasser lui devint ritournelle.

 

Or donc dans le murmure mesuré
Du cloître, les frères désenfumés
Avec amicale bénévolence
Et moins malavisés que malveillants,
Pour bannir sa mélanconie, se lancent
En quête d’une chatte au cœur vaillant.

 

Le mariage offre le mors et la bride,
Donnant une reine aux rênes qui guident
Aux hommes alors que la matrimonie,
Aux bêtes, n’apporte que joies, vie nette
De vains plaisirs et de vices honnis.
Ah, le frais et doux minois des minettes !

 

Notre déplumé n’aimait pas la vie
Laquelle le lui rendait à l’envi.
Son hyménée ne fut que joug et crises :
Turlupins chamaillis et infinies
Brouilleries, las, avec la malapprise
Choisie par les tonsurés et bénis.

 

Elle boudait forclose en un silence
Rechigné souvent ; lui non sans prudence,
Était plus circonspect qu’avec chiot.
N’ayant plus que mots trempés de tristesse.
Mais on mangeait à sa faim, cabillaud
Et abats, lappant lait sans étroitesse.

 

Mais un jour, on dut se serrer la corde
Autour de la bure d’où des discordes :
Prébendes, dîmes et dons faisant maigre
Il était disconvenable, ma foi,
De n’en faire autant, en soit-on vinaigre :
On vivrait plus austères qu’autrefois !

 

On râcla sur les débours, comme on pense :
La chatte fut croquée : moindre dépense !
Tout du même, le chat quoiqu’ancien
Fut chassé comme aposthume à extraire :
Si prospérité profite aux siens,
Faim toujours ne pense qu’à soi, Mes Frères !

 

© Christian Satgé – janvier 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Invité
8 mars 2019 14 h 33 min

Bonjour Christian ben Chat ça a du poil jusqu’à dans la poêle
Chat errant mit au poil
Et les poules elles dansent
Mais la chatte est poilée
Qui mène la cadence LOL
douce journée bises !