Le Chat et le Corbeau – Anne Cailloux

Figatelli était un magnifique matou, qui résidait dans un chalet à l’orée du bois joli.
La vie aurait pu être paisible, mais c’était sans compter la présence d’une souris très arrogante, qui avait élu domicile dans le salon ou dormait Figatelli.
La nuit venant, la souris faisait fort cas et menait grande vie, invitant à tour de rôle, mulots, rats sous le museau du maître des lieux.
Il suffisait ! Figatelli avait assez supporté les provocations de ce rougeur à poil raide.

Le beau matou parti sur la terrasse, posant son séant sacré et réfléchi au problème en aiguisant ses griffes.
Il y avait bien une solution, mais elle était délicate. Le sourire se fit diabolique, la solution s’appelait Corback, la corneille du voisin. Figatelli ria sous sa moustache. Il le faisait tourner en bourrique cet oiseau de malheur, lui volant dans les plumes. Il fallait donc la jouer fine.
Corbac était sur la plus haute branche du sapin, il regardait au loin.
Figatelli s’approcha et lui dit :
-Oh Monsieur la corneille, venez je vous invite, nous allons peut-être devenir amis et faire affaire. Enterrons donc la hache de guerre.
La corneille pensait depuis le départ que ce chat avait un œil de fourbe.
L’oiseau s’approcha avec prudence .
-Voila, tu es le roi des imitateurs et j’ai besoin de tes services.
-Je ne vois pas ce que cela va me rapporter ?
-Nourritures à bombance et la tranquillité ad vitam æternam, parole de chat.
-Que vais-je avoir à faire ?
-Peu de chose. Voilà, j’ai dans mon salon une souris qui me stresse la vie. Ayant peur des chats, la demoiselle ne sort jamais. J’ai donc pensé 
que je me cacherais, que tu imiterais le chien et comme cette souris n’a pas peur des molosses et qu’elle est insolente, cette pimbêche sortira pour se moquer de lui et hop dans le bec.

Accord passé, les deux compères mirent en place le fameux deal.

La souris entendit un aboiement et se dit, quelle allait de ce pas se moquer de ce gros patapouf de chien. La surprise fut de taille et dans le bec du chat finassa.

Repas fini, Figatelli partit se reposer sous le figuier du voisin, riant du double coup qu’il venait de faire, car naturellement il n’était pas question de laisser la corneille tranquille.

L’oiseau de malheur avait bourlingué toute sa vie et ce n’était pas un chat qui allait lui mettre le fromage de travers.
La corneille entra chez le chat, décrocha le téléphone, comme son maître lui avait si bien appris et appela le numéro qui était au mur. Celui de la SPA.
Il fit sa plus belle imitation, prenant la voix de la vieille marguerite, la maîtresse de Figatelli.
-Oui Monsieur je vous jure ce chat errant me mange toute mes figues, oui monsieur il dort sous le figuier, il faut venir le prendre.

Une demie-heure plus tard Figatelli était dans le camion de la SPA.

Le chat miaulait comme un fou, ne comprenant rien La corneille s’approcha de la camionnette, puis en imitant Marguerite il dit :
-Tel est pris qui croyais prendre. C ‘est double plaisir que de tromper le trompeur.
Le matou resta gueule ouverte et se jura qu’ont ne l’y reprendrait plus.

Cette leçon valait bien un matou..

 

©Anne Cailloux

 

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Anne Cailloux

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Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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Lenon Ober
Lenon Ober
Invité
13 août 2019 21 h 10 min

Drôle et percutant. Bravo

IRIS 1950
Membre
11 juillet 2019 10 h 41 min

eh oui il faut tenir ses promesses car on ne sait qui sera eu dans l’affaire. Bravo pour cet écrit que j’ai apprécié à sa juste valeur. IRIS

Jackie Sciozard
Jackie Sciozard
Invité
10 juillet 2019 21 h 41 min

Pas mal du tout.

Christian Satgé
Membre
10 juillet 2019 19 h 50 min

De la fable en prose, voilà un joli texte fort bien tourné. Bravo et merci pour cet amusant et émouvant partage, petite belette.