Larmes effacées et souvenirs fanés… – Christian Satgé

Larmes effacées et souvenir fanés,
Mon temps ne compte, hélas, plus ses années
Ses rire oubliés, ses joies canées,…
Mon enfance fut forêt impénétrable
Pleine de ses lianes emmêlées
Où je perdais de heures effroyables
 À deviner le Monde, à démêler
Ses arcanes loin de toute chicane.
J’y secouais la terre jà tombée
De racines que je croyais plombées,
Par peur, dessous son poids, de succomber.

Larmes effacées et souvenir fanés,
Vont et filent mes jours de condamné ;
Fini de glander, fini de flâner,…
Mon adolescence était une brousse,
Courue de songes par trop grands pour moi
Dans lesquels je fuyais loin de ma cambrousse,
Riche d’habitudes, privée d’émois,…
Pleine de mensonges à glacer de frousse.
Coincé dans une jeunesse à l’étroit,
Je me rêvais un vrai destin de roi
De savanes livrées au désarroi.

Larmes effacées et souvenir fanés,
Chaque moment semble se boucaner
À peine vu, chaque instant se tanner
En cet âge mûr qui m’est une steppe
Sur laquelle, inexorable, avance enfin
Le désert du grand âge et ses noirs crêpes,
Prenant le chemin, usé à la fin,
Par mes vains pas qui, comme vol de guêpes,
Laisseront pour héritage du vent
Pendu aux nuages, des frissons souvent
Partis sitôt venus, un brin énervants…

 

© Christian Satgé – janvier 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Philippe X
Membre
9 juillet 2019 9 h 53 min

“La nostalgie c’est le désir d’on ne sait quoi ” (De St Exupéry )…un arrière goût de ce que l’on aimait en cet instant….mais comment le transposer en ce moment ? le passé c’est de l’eau qui coule entre nos mains jointes en forme de prière…
Texte touchant, merci Christian.

Anne Cailloux
Membre
8 juillet 2019 15 h 13 min

Comme c’est étrange, je reviens d’une promenade ou l’odeur du bois brulé ma fait réminiscence de souvenirs comme les votre.
C’est très émouvant, il faut souffler après la lecture…
je pense que plus le temps passe plus nous pensons à ses années ,Si loin de nous qui nous emmènent faire l’inévitable.
Bravo, magnifique écrit
Anne