L’absence – Véronique Monsigny

L’ABSENCE

 

“L’absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes” (François de La Rochefoucauld).  C’est comme le vent qui éteint les bougies et attise les grands feux. L’absence de ceux que l’on aime est à la fois béance du cœur et un grand calme après les tempêtes. Un  silence  qui permet   le retour à un sentiment plus  juste.

Tu es parti depuis quelques heures et déjà je pense à toi comme à un autre toi-même. Tu es présent plus que si tu étais là, présence de l’être sans le poids du regard. J’ai l’impression d’être à la fois davantage  moi-même mais plus vulnérable. C’est comme être un peu ivre, désinhibé mais fragilisé par l’absence de limites.

Comme pour un tableau il faut parfois prendre du recul pour apprécier ceux que l’on aime, sans pour autant partir trop loin. L’absence n’est pas éloignement, c’est un regard à distance. Je ressens ton absence comme une douce  présence silencieuse, silence qui serait plein de nos pensées, de nos regards, de nos souvenirs.

La présence se nourrit de l’absence et l’absence se nourrit du souvenir de la présence. A ton  retour, nous serons  rajeunis  du désir de nous retrouver, et nos deux absences s’uniront en une merveilleuse présence à l’autre. Sachons profiter de ce temps d’absence pour ouvrir nos cœurs à une nouvelle qualité de présence,  débarrassée de nos égoïsmes et de nos peurs.  Absent,  je te parle comme je ne le ferais pas si tu étais présent, parce qu’alors, je te sentirais absent, retiré en toi-même. Et j’imagine que tu ressens parfois la même chose.

Pour finir, une idée me vient : es-tu absent, ou est-ce moi qui suis absente ? Je te sens si présent à mon cœur que je me mets à douter…

L’absence donne le prix de la présence aussi sûrement que la soif donne sa valeur à un verre d’eau. L’absence momentanée est source de renouveau et de paix, tandis que l’absence prolongée et non désirée devient solitude et vide. Alors n’oublie pas de revenir !

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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Martine Brûlé
Membre
30 avril 2016 21 h 07 min

Très joli texte sur l’absence, qui est un “mal” souvent nécessaire oui

Laurence de Koninck
Membre
10 avril 2016 21 h 04 min

C’est bien mérité ! Merci Véronique !

Laurence de Koninck
Membre
10 avril 2016 18 h 48 min

Votre texte est une merveille Véronique. Merci de nous régaler avec ce thème de l’absence si bien exploré. Etablir la bonne distance entre deux êtres qui s’aiment, absents ou présents… Je retiens tout particulièrement votre jolie formule: ” L’absence n’est pas éloignement, c’est un regard à distance.” Un fil d’Ariane matiné d’élégance et de respect…

Votre présence m’enchante, merci infiniment !

Bien à vous.

Laurence