La vol du bourdon – Christian Satgé

Petite fable affable d’après D. Allemand
 
Un bourdon voyant champs à l’abandon,
Ternes friches emplies d’orties et de chardons,
Ou semis alignés comme combattante troupe
Rêvait au temps jadis où les coquelicots
Coqueliquaient fort, en solitaire ou en groupe,
Et coloraient les jours où trimaient les bourricots
Et où les chevaux labouraient les terres
Des métayers ou les glèbes des propriétaires.

Il avait conservé de cet ancien temps
Des graines de pavot, en guise d’orviétan,
En ses tristes jours et ensemença, fébrile,
Les lieux qu’il fréquentait, privés de beautés
Que d’aucuns pensaient sans parfum, sombres agriles
Au pays des fleurs de chez nous en vérité.
Ainsi revinrent des pétales écarlates,
Soie veloutée aux étamines violates.

Raides sur leurs tiges, ces cœurs tout chancelants
Offrent un printanier sommeil au vent dolent
Et donnent des couleurs aux champs les plus méchants,
Aux prés les moins apprêtés, aux landes arides,…
Le fabuliste est comme ce bourdon en ses chants
Puisant son pollen chez les apologues à rides
De naguère, fleurs aux noms déconnus ou pas,
Les offrant à un monde sans guère d’appâts.

 
© Christian Satgé – octobre 2018

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Invité
2 juin 2019 21 h 07 min

Un texte qui semple si réel sous ta plume insectique sourire
Bises

Anne Cailloux
Membre
1 juin 2019 15 h 57 min

Texte magnifique, tellement vrai, plein de tendresse pour ce temps qui est bien fini…
quel regret
Anne