LA VIPÈRE ET LE POÈTE
-Je souffle et souffre jusqu’au prochain soupir
Car mon esprit plus que mon âme se méprend!
Qui me sourit? Je semble conquise, je conspire!
Cet autre moi, cette clarté obscur me surprend!-
-Née de mon ivresse, tu jettes sur ma cécité
l’hydre de la lune en habits de cérémonie!
Solitaire, sauvage, je perd toute lucidité
Dans une lutte où ma douleur est ton nid!
Tu rampes, tu rampes tel un mécène obsédé.
Tu vis dans le déni, quand ton corps se repose,
Baigné d’amour et de sève à l’éveil d’une rose,
Toi si gracile et souple prête à me posséder!
Non! Frileuse, tu seras encore un air ancien!
L’ aube est souterraine sous la voûte éthérée,
Danseuse aérienne sur le piano du musicien,
Tu fugues dans la mer comme un marin pleuré!-
©Georges Cambon