Elle est de ces carrioles qui ornent les vieux passages.
Elle fût de ces monuments orphelins d’une histoire oubliée.
Traversant les siècles, page après page,
A la croisée de nos chemins, la vieille branche éclopée.
Elle a de ces fantaisies que l’on ne mire plus,
Bourgeonnant à peine sous sa robe verdie.
Palpitations des saisons, vibrations inaperçues,
Le long du talus, au carrefour du calvaire, la vieille dame abandonnée.
Elle en a vu des pèlerins, tant d’âmes en peine, et bien d’autres fées.
Elle fût de toutes les époques, en marge des chaumières éclairées.
Ses bois meurtris brassent le cliquetis des aiguilles affolées,
De part et d’autre et d’ailleurs, la vieille branche dispersée.
Avez-vous une fois songé à cette confidente, à l’aube de son ultime soupire ?
Rendons hommage à notre regrettée, relique du mystique endeuillé.
Elle fît de ces voyages que je ne saurais vous dire,
La vieille branche du fond du bois, tout prêt du rocher, non loin des œillets.
N’avez-vous jamais évoqué son triste sort,
Lorsqu’à la cime des alizés elle tira sa révérence ?
Révélant sa destinée, à travers la canopée des essences,
Elle dérobe la tourbe dans la subtilité de l’aurore.
Elle est de ces vestiges qui brodent les allées escarpées,
Témoin d’un passé à peine altéré, d’expériences si lointaines.
Dévorant les siècles dans une frénésie écornée,
La vieille branche fût las et pourtant si sereine.
Devant toi vieille branche je m’incline.
Parle-moi encore de la vie, de l’air et du feu.
Pleure une dernière fois tes larmes de pluie fine,
Lorsque ta sève remonte à travers tes aïeux.
De la bien belle ouvrage. Merci et bravo pour ce partage tout en sensibilité et subtilité.
Dans les forêts les vieilles branches sont nombreuses et tombent peu à peu. Un belle évocation du temps qui passe.