La tristesse d’Ovide – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Rides au front, cheveu rare et blanc, fatigue
Dans le corps, lassitude d’âme, lenteur
Du geste, trous d’une mémoire qui gigue,…
Ovide a vieilli, loin de sa garrigue.
 
Il soupire à qui veut encore l’entendre :
« César, hier, s’est déchaîné contre moi.
Tel un démon dément, depuis des mois
Et des années, il m’exile. il n’est pas tendre
Avec qui le blesse ou qui le contrarie :
Qui peut me dire s’il est debout, encore,
Le verger que ces mains, que rien ne dore,
Ont planté mais n’ont pu, j’en suis fort marri,
Y cueillir de fruits ?!… Ici rien ne pousse,
Hors le vent qui mouille aux larmes mes couplets. 
Mais les pleurs, dis-moi, soulagent-ils les plaies ? »
 
Quoique ledit César soit un foudre de guerre,
Il n’aimait que les mots de serviles auteurs,
De préférence courtisans prosateurs,
Car, de toujours, les choses ne changeant guère,
 
Les puissants de ce bas monde apprécient 
Toute œuvre à leur gloire, ici ou sur le Tibre,
L’hommage de l’écrit sauvant de l’oubli,
Mais haïssent les poètes… gens trop libres !
 
© Christian Satgé – février 2016

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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IRIS 1950
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1 avril 2017 18 h 59 min

Bravo à vous pour ce bel écrit qui sort des sentiers battus. Belle fin de journée. IRIS