La sagesse du hérisson – Christian Satgé

Petite fable affable d’après 
Le lapin & le hérisson d’A. J. Duvivier
« Saint Plouc, priez pour moi ! »
Disait, en son émoi,
Un hérisson en quête
De nouvelles conquêtes,
Terres où enfin gîter
Loin de ces agités
D’oiseaux gras qu’il voisine,
Le cœur fort malcontent
Depuis bien longtemps.
Donc, là, il se débine…
Sur la mousse verdie,
Par les pousses hardies,
À son train de bigote,
Il va, vient et trotte.
Au milieu des fleurs
Qu’avril a fait renaître
– Hasard ? – pour son bonheur
Un lapin se fait connaître,
En une causerie
Impromptue, entre ris
Et courtoisies aimables,
Comme cherchant ami
Ou coloc’ estimable,
Pour partager un nid.
Ainsi ils partagèrent
Le gîte et potagère
Cuisine échangeant
Sur leurs chagrins changeants
Et leurs joies éternelles,
Se confiant l’un
À l’autre, sans querelle,
Ou bien l’autre à l’un,
Regrets, désirs et rêves…
Lapin, lors d’une trêve,
Dit à son compagnon :
« Dis-moi pourquoi mon frère,
N’ai-je que coups et gnons
Lorsque le plus sincère
Des vrais attachements
J’offre ? Ah, quels tourments
J’ai endurés des autres
À jouer à l’apôtre
Des meilleurs sentiments.
N’ayant voulu à personne
De mal, ni un moment
Causé de torts, on sonne
L’hallali à me voir,
On s’acharne, cœur noir,
À ma mort ou ma perte.
Alors que toi, alerte
 Piqueur, nul ne t’ennuie,
Et aucun ne te nuit !
C’est qu’hélas tu souhaites
Que l’on t’aime, p’tit’ tête,
Et moi me satisfais
Que, dans les mots, les faits,
Ici où tout est bègne,
Chacun sans fin me craigne ! »
© Christian Satgé – décembre 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
25 décembre 2019 21 h 50 min

Et oui la est la question : être aimé ou être craint…difficile
Moi, je ne vous crains pas mais je vous aime. lool
Merci pour cette femme pas si affable.
Anne

Brahim Boumedien
Membre
25 décembre 2019 21 h 21 min

Être aimé ou être craint ? Là est la question. Merci, Christian, pour ce généreux partage !