La rivière et le fleuve – Christian Satgé

Petite fable affable

Dans un pays, où son eau avait cours, mijotait
Une rivière qui ne tarissait pas d’éloges
À l’égard du fleuve où elle se jetait
À corps perdu, même lorsque la divine horloge
Des saisons la faisait si grosse de crues
Qu’il prenait eau de toute part, abreuvant des terres
Lointaines, inondant arbres et fleurs en parterres
De contrées qu’il ne côtoyait pas, recru…

Pour le noyer à jets continus d’humbles hommages
Et se répandre tant, avait-elle un grain ?
Non !… Ces débordements, que le fleuve soit bien sage
Ou cruel et dévastateur suzerain,
N’étaient en rien désintéressés. Bien au contraire.
Déférence sans révérence à ce Grand,
Ces flots-là, jouaient seuls, à contre-courant,
À l’affluent influent. Pourquoi donc vous le taire ?!

Arroseur arrosé, la rivière aux eaux
Modestes pourtant, rappelait ainsi au grand fleuve
Qu’il dépendait de son apport. C’est le lot
De tout cours d’eau. Elle oubliait qu’à travers épreuves
Ou maux, rus et torrents la payaient comptant
Et en liquide, eux aussi, d’un bout de l’an à l’autre.
Elle les méprisait ces petits, louant et flattant…
Mais son arrogance dans l’humilité se vautre !

Bien des compliments de serviteurs très biens
Servent souvent à murmurer, sans ambages,
Que sans eux vous seriez peu. Mais ces « Sages »
Oublient que, sans vous, eux, ils ne seraient rien !

© Christian Satgé – octobre 2015

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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