La Révolution de 1789 revue et corrigée – Daniel Marcellin-Gros

Révolution 1789 vue par Daniel

 

Pour prendre la Bastille quasi inexpugnables,

Et pour en faire cesser le symbole exécrable,

Les révolutionnaires tirèrent au canon,

Au Roi ventru Louis seize, il voulaient dire non!

Et à la bourgeoisie pédante et altière…

Le Monument suait du sang à chaque pierre;

Des pans de murs tombaient tout près des barricades,

Où les hommes tapis étaient en embuscade,

Préparant les fusils et les piques de fer,

Ils allaient, au Roi pâle, faire subir un enfer!

Or la Garde Royale, là, n’était pas de taille

A subir les assauts, des hommes, de la mitraille.

Les bourgeois retranchés dans les appartements,

Oyaient la vague humaine avec ses hurlements,

Pareils à ceux des mers rugissantes qui roulent

Des débris de bateaux malmenés par la houle!

Les bonnets rouges furieux avançaient au tambour,

Les canons attendaient que les servants les bourre,

De mitraille et de poudre fondant en jets vermeils,

Sur l’ennemi anxieux redoutant ces soleils!

Dans l’amoncellement de chevaux et de corps,

Les hommes se battaient, sanglants jusqu’à la mort!

Ou répandaient leur sang comme des soldats honnêtes,

Fourbissant chaque fois leurs rouges baïonnettes!

Et les drapeaux criaient à la garde:” en avant!”

Embrochez-moi ces traîtres! tout en les poursuivant,

Mais les réactionnaires, tout droit sortis des bouges

Arboraient leurs haillons tâchés de bonnets rouges!

Puis, avançaient alors, foule toujours accrue,

Qui hurlait, qui tuait l’ennemi dans les rues,

Or si le Roi Louis seize leur rigolait au nez,

Ils le tueraient, céans, riant sous leur bonnet.

L’homme a beau être doux, il peut être terrible,

Ils refuse que son âme et son cœur passent au crible!

Il rêve que son dieu l’épargne de Satan,

Egrenant ses péchés pendant qu’il en est temps!

Or la révolution est affaire de famille,

Il faut qu’un sang nouveau dans les veines fourmille!

Afin de cultiver paisiblement la terre,

L’homme a besoin de paix, le respect de ses pairs.

Ne plus subir la loi inique des bourgeois,

Afin que son foyer prospère dans la joie.

Que les berceaux charmants s’ornent de belles roses,

De filles ou de garçons, telle qu’une apothéose!

Il n’est aucun besoin d’argent pour être riche,

On déjeune, riant, en mangeant des pois chiches.

Pour rompre les décrets que nous pond la canaille,

Il faut sans hésiter la prendre en tenaille,

La faire reculer en poussant des ahans,

Et sur le pavé gris faire ruisseler son sang!

Qui lavera peut-être les multiples injures,

Que l’on a fait subir à un peuple dit impur.

Or le son du canon transperce les oreilles,

Et les morts, hébétés, regardent le soleil!

Cet astre qui pourtant est symbole de vie,

De sa chandelle veille les défunts au parvis.

Et c’est triste hélas de voir tous ces cadavres

Entassés, qui aspiraient à un nouveau havre,

De bonheurs partagés, de mariages solennels,

Eux qui dorment à jamais dans les sombres venelles!

Pourquoi l’homme est si fou? pour ne jamais comprendre

Que la vie est très belle, qu’il faut savoir la prendre!

Faire un bout chemin avec elle, être un homme,

Aimant! Mais nos travers font bien ce que nous sommes!

Aliéné, que disais-je? Mais qui nous rend si fous?

La France mordorée qui mal règne sur nous?

Nous traitant de bas peuple, ou de France d’en bas,

Nos épouses ou maîtresses ne portent pas de bas

De soie, mais tout cela est-il bien nécessaire?

Quand on n’a qu’un cheval pour cultiver sa terre,

Et puis notre sueur trempant notre chemise

Quand la charrue avance dans les mottes qui l’aiguisent!

Nous labourons, heureux afin que le blé germe,

En monceaux pailletés d’or qu’on bat à la ferme!

En sachant que cela fournira bien du pain,

Afin que la famille ne meure pas de faim!

Or cela mes bourgeois vous ne voulez l’entendre,

Vous êtes toujours prêts, au gibet, à nous pendre.

Vous avez enfermé nos filles en vos Bastilles,

Pour les déshonorer, faire honte à leur famille!

Et puis vous les rendez, grosses de vos bâtards,

 Que vous ne voudriez pas, même dans vos placards!

Ah vous pouvez bien dire que nous sommes crapules,

Courant tels que des rats qui mordent et qui pullulent!

Mais vos jours sont comptés, car nous sommes féroces,

Quand nous brisons déjà les sceptres et les crosses!

Nous vous débusquerons dans les moindres recoins,

Jamais nous ne plierons sous vos regards chafouins!

Nous sommes des croquants, Sire, des croquants nous sommes,

C’est pourquoi dans les rues nos frères vous assomment!

Nous serons aux côtés de tous les gens qui souffrent

Parmi les flammes d’or, parmi les jets de soufre;

Nous irons, nous irons, oh peuple en avant!

Parfois nous caressons ce rêve émouvant,

D’avoir de beaux enfants, une épouse fidèle,

Avec une voix douce comme une cascatelle…

Ah vous serez moins fiers sur vos rouges tapis,

Quand dans vos couloirs sombres nos hommes seront tapis!

Et vous égorgeront de leurs lames de fer,

Vous pourrez supplier nous n’en n’aurons que faire!

Si nous sommes très durs, vous le fûtes avec nous,

Car vous avez mis notre peuple à genoux!

Vous vous bouchiez le nez, quand nous étions crasseux,

Lorsque nous labourions vos terres comme des gueux!

Vous payiez nos travaux d’une risible obole,

Qui pour vous n’était rien, pas même un symbole;

C’est pourquoi aujourd’hui, nous réclamons vengeance,

Afin de mettre à bas vos douteuses engeances!

Nous irons dans vos forts, sautant les parapets,

Forçant les barricades pour conquérir la paix,

Il ne faut pas rêver, les temps sont peu amènes,

Nous sommes gouvernés par des énergumènes

Qui voudraient nous crucifier à leur pilori,

Le peuple en a assez des destins mal fleuris!

Tu peux trembler bourgeois, car nous venons en force,

Enfoncer tes murailles de nos troncs sans écorce,

Des ponts levis montés, nous briserons les chaînes,

Tu verras ce que c’est qu’un peuple qui se déchaîne!

Le Roi interloqué, vaincu, devient plus pâle,

Il chancelait, debout, comme un gueux qu’on empale,

Puis se mit à genoux en implorant le ciel,

Sa prière peu crédible semblait artificielle…

…Quand nous aurons anéanti toute la canaille,

Nous irons dans les bouges où nous ferons ripaille!

Puis saoulés, dans les rues, en chantant tralala,

La Carmagnole saura nous donner le la!

La Bastille ne sera plus qu’un monceau de pierres,

Nous n’aurons plus besoin d’user de nos rapières!

Et tu pourras partir te cacher à Varennes,

Nous t’y retrouverons avec ta pieuse reine,

Ta Marie Antoinette épousée en Autriche,

Sera dans le chariot avec tous ceux qui trichent!

A l’échafaud vous monterez dans vos bottines

Et vos têtes feront la joie des guillotines!… 

*

© Daniel Marcellin-Gros – 2018

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Invité
20 juin 2018 12 h 47 min

Je n’ai jamais eu le plaisir de vous lire, et je pense que j’en aurais beaucoup, afin de prendre modèle sur vous et parfaire ma culture, merci encore pour vos commentaires sans concession, bien à vous

Invité
20 juin 2018 12 h 42 min

Monsieur Hubert-Albert du Clos lu, je n’ai jamais prétendu que mes alexandrins étaient parfait, et Dieu sait si de nombreux alexandrins écrits par des poètes chevronnés ne cadraient pas tout à fait à la rigueur du texte! Ce que j’ai voulu c’est montrer une ambiance dans le texte que vous critiquez, je suis parfaitement d’accord avec vous, mais pour ma part le texte de la révolution de 1789 me plaît beaucoup, vous parlez de la forme mais pas du fond, j’en suis désolé, sur ce site il n’y a pas que des puristes! Bonne journée

Plume de Poète
Administrateur
19 juin 2018 7 h 47 min

Merci pour vos partages poétiques !
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