La princesse triste – Bernard Rasson

La princesse triste   

        ….à Alexandra

 

Dis moi, amie, que se passe-t-il aujourd’hui ?
Un événement fort triste s’est il produit ?
Je ne te reconnais plus. Qu’est ce qu’il t’arrive ?
Tu es comme une nef échouée sur la rive
Ou immobilisée par des cieux incléments
Qui refusent toujours d’en gonfler le gréement
Comme jadis, celle qui ramenait sur l’onde
Vers Tristan alangui, sa reine, Iseult la blonde
Quelle sorcière t’a jeté un mauvais sort ?
Quel malandrin brutal a brisé ton ressort ?
Que puis-je faire pour soulager ton malaise ?
Veux-tu que je parle ou veux-tu que je me taise ?
Y a-t-il quelque action pour te faire plaisir ?
As-tu à ce moment une envie, un désir ?
Veux-tu, peut-être, qu’au coin du feu, je te joue
Quelques airs entraînants sur ma vielle à roue ?
Elle est un peu rouillée, et moi aussi, je crois
J’essaierai de ne pas être trop maladroit
Veux-tu que je te joue quelques chansons nouvelles
Que m’ont montré hier ces gens de Reims, ou celles
Que tu aimes tant, je crois, de ce troubadour
De Toulouse qui sait si bien chanter l’amour ?
Veux-tu que je te conte encore les histoires
De nos preux et de leurs héroïques victoires ?

 

 

 

Veux-tu que pour toi, je me fasse baladin ?
Veux-tu que je me fasse artiste ou paladin ?
Quel présent pourrait te rendre à nouveau joyeuse ?
Des dentelles du Nord, des étoffes soyeuses
Ou des fourrures d’hermine, pour te vêtir ?
Ou quelque objet étonnant pour te divertir ?
Veux-tu me parler des soucis qui te tenaillent ?
Veux-tu que je reste ou veux-tu que je m’en aille ?
Tu n’as qu’un seul mot à dire pour demander
Tu n’as qu’un seul geste à faire pour commander
Veux-tu, peut-être, pour égayer tes jours mornes
Un animal fort rare, une blanche licorne ?
J’irai où tu voudras, dans le comté voisin,
Ou s’il le faut, au bout du monde Sarrasin
Veux-tu que je trouve un dernier dragon rebelle
A mater, seulement pour les yeux de ma belle ?
Ou que je parte au loin, avec quelques barons
Pour te ramener le cor du nain Obéron ?
Il fait, à ce qu’on dit, quantité de prodiges
Pour ceux que le malheur ou le chagrin afflige
Peut-être, aura-t-il le pouvoir de t’égayer
Pour ma dame, je suis prêt à tout essayer
Et à braver tous les périls, pour qu’enfin cesse
Le maléfice qui pèse sur ma princesse

© Bernard Rasson – 2018

*à ma Muse, en priant pour qu’elle garde toujours le sourire…

 

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2 Commentaires
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Christian Satgé
Membre
1 juin 2018 15 h 38 min

Un très beau texte riches en références et allusions. Bravo et merci pour ce partage…