La Poésie, domaine de l’Irréel ? – par Frédéric Matteo

Lorsque je soutiens qu’il n’est but plus élevé, à mon sens, pour la Poésie que de traiter du réel, on m’objecte souvent que la poésie, justement, est faite pour apporter du « rêve », et qu’elle doit être le domaine par excellence de la fantasmagorie et de l’imagination.

 – Mais enfin, quoi ? A quel titre évoluer dans un monde de mots, où le moins possible de ce qu’il représente rattache à l’expérience  que l’on peut vivre  au-dehors, dans son rapport à la Nature, à la société, dans le for de sa conscience, où à travers d’autres formes d’art traitant en conscience de l’existence humaine, peut-il être ressenti comme un notable bienfait, voire un bienfait de tout premier ordre, et, au-delà, comment un tel bienfait pourrait-il rejaillir sur autrui, améliorer la condition humaine ?

D’évidence, il faudrait, pour qu’un quelconque public vive cet art ainsi, que  l’expérience qu’a ce-dit public de la réalité, de toute réalité en dehors de cette poésie où dominent l’irrationnel et l’imagination, soit vécue comme celle d’une une terrible et quasi constante meurtrissure, et souvent, même, comme il arrive, comme le Mal en soi – suffisamment, en tout cas, pour que tout ce qui éloigne de cette dite réalité et la fasse oublier autant que possible, par le moyen de divers procédés narratifs et esthétiques, soit ressenti par ce public comme un baume de tout premier ordre.

En quoi, un tel art, de prime abord, apparaît clairement destiné à qui ne supporte pas la vie telle qu’elle est pour l‘essentiel, la maudit du fond de son âme,  et n’aspire plus à rien, au fond, que de s’en défaire – et sans avoir le courage de passer à l’acte – pourquoi il a besoin d’un tel art, qui se révèle alors davantage un poison qu’autre chose.

Pour autant, un second examen nous révèle qu’il s’agit, pour un tel public, quoi qu’on en dise, d’une expérience non seulement bienfaisante, mais aussi « réelle », et par là, et par-dessus même les prétentions des promoteurs d’une telle poésie, de l’expérience d’une réalité.

Soient : […] Merci de m’avoir suivi jusque là ! La suite sur mon blog, en cliquant ici !

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