La parole du ministre – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Au pays des blaireaux, un ministre avait semé
Des graines de violence pour résoudre 
Les problèmes d’une plèbe qu’il aimait
Soumise et muette sous peine de foudres.
Qu’importaient mépris, mensonges et oublis
‘Fallait que face à lui toujours on plie.
Il accusait les mécontents, jusqu’aux fourmis,
Des coups que ses butors, bons Tontons Macoutes,
À la volée, offraient – et pas à demi ! –
À ces grognons qui voulaient qu’on les écoute.
Ça ne faisait qu’accroitre, en réaction,
Longs cortèges et manifestations.
 
« C’est la seule façon de ramener calme
Et sécurité face à ces factieux !
Clamait ce faraud, la stature noble, alme.
Il faut lutter contre les séditieux ! »
 
Leur colère étant, las, des plus légitimes
À défaut d’être légale, les fâchés
Se mirent au pacifisme, affront ultime
Pour les forces de l’ordre qui ne cachaient
Pas leur envie de châtier, pour l’occase,
Cette témérité de nos kamikazes…
 
Sur les protestataires les coups pleuvaient,
Plaies et sang faisaient bien mauvaise presse
Mais excitaient les butors à l’air mauvais
Et discréditaient leur maître à bonne adresse.
Aux médias il offrait un front serein
Une lippe amère et un moral d’airain :
« C’est la seule façon de ramener calme
Et sécurité face à ces factieux ! »

Ce blaireau gardait la stature noble, alme :
« Il faut lutter contre les séditieux ! »

 
Ainsi « la loi du plus fort », même à notre heure,
Est encore et toujours, hélas, « la meilleure » !
 
© Christian Satgé – juillet 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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6 Commentaires
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Philippe X
Membre
10 novembre 2019 4 h 47 min

«L’exil ou le cercueil.” pas Doc doit se retourner de plaisir sur son grill (si l’enfer existe vraiment pour les tyrans )
les ” vent divin ” Japonais soufflent encore sur nos démocraties e t font des ravages.
Salut à toi qui réveil en nous les dangers de l abstention des bureaux de vote

Brahim Boumedien
Membre
9 novembre 2019 17 h 46 min

Merci, Christian, pour ce partage qui montre bien que les despotes utilisent les mêmes méthodes ; à croire, qu’ils sortent de la même “école”. Ils ne voient jamais, comment finissent les tyrans : ils se croient toujours plus malins, oubliant que tout a une fin !

Invité
9 novembre 2019 17 h 31 min

Merci pour ce texte Christian ! On est en plein dedans, si je puis dire ! Bien amicalement.