La novice
Résister à tant d’années de silence auprès de toi,
Vivre l’anonymat, en oublier le sommeil parfois
Pourquoi Maître persistes-tu à m’ignorer.
Ta secrétaire dévouée, la jeune stagiaire d’autrefois,
Celle que tu appelles d’un claquement des doigts,
Celle qui exécute, elle qui s’applique, sans rechigner.
Imperturbable, tu écris, tu médites, tu bouquines,
Ne suis-je pas pour toi suffisamment coquine?
toi le chevalier du verbe, le prince de l’élocution.
Que je sois sotte et soumise et que je ne paye pas de mine,
Bébé a fait ses premiers pas, elle a bien grandi la gamine.
Face à tes succès et à ta verve, elle est en totale adoration.
Ne critique pas ma gêne et mes frayeurs, tu m’intimides
Je suis une fille émotive et toi assurément très intrépide,
Je n’arrête pas de rougir, maudite soit ma candeur juvénile.
Je comprends que tu sois insensible, je suis tellement stupide
De penser pouvoir rivaliser avec tes admiratrices splendides.
Comment te les faire oublier toutes, cela ne sera point facile.
Vouloir te prouver que j’existe sans jamais y parvenir
Devrais-je de ma vie me résigner à t’en faire sortir?
Je m’en vais, tu resteras dans mon cœur et mes pensées.
Ma décision est prise : cesser de lutter et partir,
Celle qui viendra, saura-t-elle éveiller tes désirs?
Te rappeler tes médicaments, préparer ton café?
Abid HMIDA