Avez-vous regardé
Toute la misère ?
Avez-vous pu plonger
Dans ses yeux de verre ?
Ses yeux n’ont pas de fond,
Regard trouble, troublant,
Ils sont d’un noir profond
Qu’on regarde, tremblant.
Là est la misère,
Telle glu sur peau,
C’est la sorcière,
Maléfique berceau !
On veut la combattre,
Choisir quelques “chanceux”
Il faut pour l’abattre,
Être aussi nombreux.
J‘ai voulu m’y tenter,
Simplement, sans orgueil,
Avec la charité,
Et j’ai franchi ce seuil.
Je faisais un geste,
Pas grand-chose, un rien,
Alors d’un pas leste,
Ils arrivaient de loin.
Je devais, c’est certain,
Compter et décider
Qui serait le prochain
Que je devrais aider.
Quelques fois recevant
Sollicitations
Par billets émouvants
Quelle décision ?
Il fût un temps proche,
J’avais beau expliquer
N’avoir rien en poche,
C’était, désappointés,
Qu’ils rentraient retrouver
Leurs vraies difficultés,
Quête inachevée,
Pas de satiété !
Dans cette maisonnée,
Ils étaient vingt pas moins,
Enfants, des nouveaux-nés,
Chacun avait son coin.
On me demande un jour :
“Deux mois sans vous revoir ?”
“Je ne peux dans la cour,
Sans rien y faire, VOIR !”.
La misère paraît
La maladie, depuis,
Pour soigner il faudrait,
Plus que je ne le puis.
Comment leur avouer
Que finir ma maison,
M’avait bien obligée
A entendre raison ?
Je devais me forcer :
Un seul repas par jour,
Et aussi m’efforcer
A tenir trente jours.
S gibert
Elle grandit chaque jour,
Un texte fort et beau dans une veine qui vous réussit Simone. Continuez à nous enchanter et nous édifier de ces récits dont vous avez le secret qui fleure l’émotion et la tendresse et qui, parlant sans détour ni faux-semblant, d’un passé qui n’est plus nous ramène à un présent qui est toujours dont on ne fera jamais le tour et reste troublant. Merci à nouveau…