La misère – Simone Gibert –

Avez-vous regardé

Toute la misère ?

Avez-vous pu plonger

Dans ses yeux de verre ?

 

Ses yeux n’ont pas de fond,

Regard trouble, troublant,

Ils sont d’un noir profond

Qu’on regarde, tremblant.

 

Là est la misère,

Telle glu sur peau,

C’est la sorcière,

Maléfique berceau !

 

On veut la combattre,

Choisir quelques “chanceux”

Il faut pour l’abattre,

Être aussi nombreux.

 

J‘ai voulu m’y tenter,

Simplement, sans orgueil,

Avec la charité,

Et j’ai franchi ce seuil.

 

Je faisais un geste,

Pas grand-chose, un rien,

Alors d’un pas leste,

Ils arrivaient de loin.

 

Je devais, c’est certain,

Compter et décider

Qui serait le prochain

Que je devrais aider.

 

Quelques fois recevant

Sollicitations

Par billets émouvants

Quelle décision ?

 

Il fût un temps proche,

J’avais beau expliquer

N’avoir rien en poche,

C’était, désappointés,

 

Qu’ils rentraient retrouver

Leurs vraies difficultés,

Quête inachevée,

Pas de satiété !

 

Dans cette maisonnée,

Ils étaient vingt pas moins,

Enfants, des nouveaux-nés,

Chacun avait son coin.

 

On me demande un jour :

“Deux mois sans vous revoir ?”

“Je ne peux dans la cour,

Sans rien y faire, VOIR !”.

 

La misère paraît

La maladie, depuis,

Pour soigner il faudrait,

Plus que je ne le puis.

 

Comment leur avouer

Que finir ma maison,

M’avait bien obligée

A entendre raison ?

 

Je devais me forcer :

Un seul repas par jour,

Et aussi m’efforcer

A tenir trente jours.

 

S gibert

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Invité
13 décembre 2018 9 h 36 min

Elle grandit chaque jour,

Christian Satgé
Membre
12 décembre 2018 15 h 09 min

Un texte fort et beau dans une veine qui vous réussit Simone. Continuez à nous enchanter et nous édifier de ces récits dont vous avez le secret qui fleure l’émotion et la tendresse et qui, parlant sans détour ni faux-semblant, d’un passé qui n’est plus nous ramène à un présent qui est toujours dont on ne fera jamais le tour et reste troublant. Merci à nouveau…