Un soir de mai, un musicien,
Les yeux clos sur son violon
Jouait un air déjà ancien,
La mélodie des sanglots longs!
Le bonheur est un cheval pressé
Que nous feignons d’avoir dressé
Quand le frimas d’une saison
Sur la corde est notre poison!
Ma mémoire est un vase brisé,
Mais à qui donc, autre que vous
-Comme un miséreux à genoux-
pourrai-je offrir un corps usé?
A l’ombre des croix rouillées
Tout paraît pris de remords
Ce pays où gisent nos morts
Est pierre grise et mouillée!
Je pleure un rêve révélé
Le bruit se perd de vos pas
Le temps, le temps chant allé
le lourd silence d’un trépas!
Tout est fin , mollement
J’ai traversé un port muet
Si muet, ce pâle balbutiement
Quand je vis l’aube s’éveiller!
La porte est close, ce matin
L’horizon cache sa beauté
L’oiseau quête son festin
Sur l’arbre plein d’humilité!
Un soir passé, un musicien
Les yeux clos sur son violon
Jouait un air déjà ancien,
la mélodie des sanglots longs!
Je vais, le cœur lointain
Hiver de blanc vêtu approche
je n’entends plus les cloches
Cheminer est un songe éteint!