La huppe en dérupe – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Habituée à ensemencer la nuit de mots
Ma plume se coule aux ténèbres de mes pensers
Pour y débusquer fourrés d’or et buissons des maux,
Ou des bosquets lamellés de lumière assez.
Ce soir sur un arbrisseau s’est posée une Huppe 
Qui de mes vers sera donc, malgré elle, la dupe.
 
Notre emplumée, en être d’habitudes, marchait
Chaque jour, jamais lassée, dans les pas de la veille,
N’espérant pas en cette vie de monts ni de merveilles.
La mine allante et l’oeil allègre, jouant de l’archet
En ses sifflets comme du poinçon sur les troncs
Elle voyait toute bête comme pis qu’étron.
 
Hélas pour elle, un homme vint à s’encabaner
En sa clairière, homme valant moins qu’animal.
Ne pouvant lui causer du tort, lui voulant du mal
Toutefois, avec un loup gris des plus boucanés
Par les ans elle voulut s’acoquiner : la chasse
À l’Homme le dispensant, un temps, d’autres pourchasses !
 
Notre Huppe en causa fort à ses frères de sang
Qui la mirent en garde : « Qui tient le Frère
Loup par l’oreille est en grand péril de dents fières !…
Fol qui s’y fie surtout s’il se fait fort caressant. »
Mais l’oiselle répliquait que les humains ont couteaux
Causant mort sûre, pires que crocs de fauve… et plus tôt.
 
Toute en toupet, l’encolérée se mit au péril
À barguigner avec la malebête oubliant
 Qu’un oiseau est glouti s’il va fuyant
Le danger, mais qu’il serait encor’ plus puéril
Qu’il se jetât, tout de gob, et de soi, dans la gueule 
D’un Grand Méchant ne comptant que sur ses ailes seules…
 
© Christian Satgé – novembre 2018

Nombre de Vues:

60 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Anne Cailloux
Membre
6 juin 2019 21 h 30 min

Allons restons utopiques et imaginons qu’ils deviennent copains comme cochon..
ha ha ha vous aurez tout à refaire cher goupil..

Anne