Petite fable affable
Une grue faisant le pied du même nom
Dans sa mare, fière comme une revêche
Titrée, était pimbêche de fort grand renom,
Ayant l’œil sec, le bec avide et le mot rêche.
Gracieuse tout autant, elle y régnait
Sans nul répit, plus sourcilleuse qu’araignée,
Épiant prou qui y viendrait à la pêche
Elle dominait le peuple de sa nappe d’eau
Comme le plus rat des rats couve son pécule
Mais y puisait, sans compter, son fricandeau :
Végétaux, rongeurs, poissons comme animalcules
Du lieu finissaient par être des repas,
Copieux, que la cendrée faisait en sa pampa.
Ça, pour sûr, ça chauffait pour tous les matricules !
Mais à prendre ainsi, animal imprévoyant,
À dextre et à senestre, droite et altière,
Son bien tarit vite sous son bec vaillant.
Il ne resta en mare qu’eau et poussière.
Notre grue fut bonne pour un régime sec
Et ne voulant partir mourut de cet échec :
Celui de gérer au mieux sa tourbière…
À dextre et à senestre, droite et altière,
Son bien tarit vite sous son bec vaillant.
Il ne resta en mare qu’eau et poussière.
Notre grue fut bonne pour un régime sec
Et ne voulant partir mourut de cet échec :
Celui de gérer au mieux sa tourbière…
Combien ici bas, fières grasses grues
Voient, hélas, aussi loin que leur long bec, ou guère
Plus, usant de leur mer, abusant de leur terre
Sans songer que vivre demain peut être ardu…
© Christian Satgé – septembre 2019
Nombre de Vues:
35 vues
Pauvre grue, elle était bien belle pourtant ! J’en connais une “cigale” qui n’est pas loin … Merci Christian pour ce texte. Amicalement.
Merci, Christian, pour ce partage : cette grue aurait pu avoir la vie sauve si elle avait tiré la leçon de ce qui est arrivé à la cigale ! Dire qu’elle ne pourra même plus “danser maintenant” …