La foule folle – Mohamed Ghanimi

Souvent le vent, qui l’apporte est froid
Que cette fleur, aussi belle, privée de joie
Que mes larmes et mes sourires en désarroi
Que mon cœur lance des galopes à haut voix
Que je n’ai pas pu encore avoir mes droits
Que je fais souvent comme ce que je dois!
Que j’oublie toujours mes rares souvenirs d’autrefois
Que je vois mon moi entre leurs repoussants doigts
Las! Je fais toujours semblant que je suis moi!
**** ****
Loin, c’est l’horizon noir qui accapare la lumière 
Sous un arbre stérile, le diable fait ses prières
Des crédules créatures, inertes, derrière les pierres;
contemplent ses manies et son reflet de sorcière
Des papillons en deuil chantent à sa manière
Des anges terrestres gardent en vain les vides rivières
Des satins célestes portent en main les vertus saisonnières
Des étoiles funèbres font des signes lugubres derrière;
Là, où, la foule folle de désirs trace les misères
**** ****
Je sais que mes lignes sont surement ésotériques
Tu vois que les signes sont rudement utopiques
Je fais que mes souhaits sont purement génériques
Tu crois que les chances sont salement magiques
Je sens que les calvaires sont joliment lyriques
Tu rêves que les crédos sont banalement diaboliques
Je pense que mes “je” sont finalement gnomiques
Tu devines que tes “tu” sont stupidement magnifiques
Voilà, qu’un propre-à-rien est proprement prosaïque
Et que la foule des mots est en perpétuelle folle logique

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