Deux nains de jardin faisaient le pied de grue depuis des lustres sur un bout de terrain mal orienté, entre deux vallées. Ils étaient l’ombre d’eux-mêmes. Gambader, s’amuser, voyager étaient autant d’aspirations grandissantes.
Le fils du propriétaire, un garnement dénué d’empathie, ne trouvait rien de mieux à faire que de les dégommer avec son lance-pierres. Sa dernière trouvaille infâme avait été de les enfermer ensemble dans la cage de son canari, mort en martyr.
Un ami voisin, qui avait connu son heure de gloire en tournant dans « Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain », leur avait raconté, mi-figue mi-raisin, son aventure de « globe-trotter ». Le budget voyages ayant été réduit de moitié, le gnome avait eu un petit rôle.
Sa bouille ronde avait été reproduite sur des cartes postales, lui donnant seulement l’illusion d’avoir fait le tour du monde. Quelle frustration ! Assurément il ne rêvait plus d’incarner un gros bonnet dans un film de Scorsese ou Coppola.
Nos deux compères qui se sentaient comme des lions en cage, comptaient malgré tout réaliser leurs rêves. Un soir, tandis que la Tramontane passait en coup de vent, une bourrasque ouvrit d’un coup d’un seul la porte de leur prison.
Ce scénario bien ficelé leur était offert sur un plateau. Sans faire ni une ni deux, nos deux lutins empruntèrent le chemin de la liberté, la mine radieuse et le cœur léger. Comment pouvait-il en être autrement !
De péripéties en rebondissements, ils ne couraient plus, ils volaient, portés par un vent de folie. Nos nains de jardin n’avaient connu le monde que par le petit bout de la lorgnette, ils verraient désormais tout en grand. C’était géant !
© Laurence de Koninck
Sourire, pour une fois pas besoin de les enlever en pleine nuit pour leurs sauver la vie.
la prochaine fois Laurence faisons une pétition pour la libération des nains de jardins..
J’adore.
Anne