Lorsque j’eus avalé l’idéal rachitique
Qu’on servait aux enfants de ce siècle anonyme,
Je partis, guidé par mon ventre boulimique,
En rêvant du banquet dont rêvent les abîmes !
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Quand un arbre royal arrêta mon allure,
Vaste et verdoyant, comme un brocoli géant !
J’étais près d’assouvir mon désir de pâture,
Mais l’éclair le frappa et ce fut le néant !
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J‘aurais maudit les cieux d’être plus vifs que moi
S’ils ne m’avaient offert, dans leur bonté mystique,
Un nuage, épais comme une Barbe À Papa,
Mais le vent le chassa d’un souffle maléfique !
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Alors ! Je courus vers le Soleil salutaire
Qui dorait l’horizon, comme un oeuf sur le plat,
Mais, semblant me narguer, l’inaccessible sphère
Disparaissait déjà, pingre de son éclat !
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Je dus me contenter du spectacle alléchant
Des greniers luxuriants de la voûte étoilée…
-Mais je bus le mystère immense et rassurant,
Et l’estomac se tut quand l’âme fut comblée !
Extrait de mon second recueil de poèmes “Le miraculé”,
publié chez Chloé des Lys : http://www.editionschloedeslys.be