La buse en bisbille avec une aigle – Christian Satgé

Petite fable affable

Pour rabattre un peu le caquet d’un paltoquet,
Buse de son état, qui giboyait en plaine,
Une aigle fort jalouse vint à croquer
Toute la portée de sa rivale vilaine.

Ce fut un esclandre tout en insanités
Où on fut douché par une pluie d’injures
De part et d’autre et, pire, avec fatuité,
Promesse de vengeance comme une gageure.

« Je vous suis, fit alors l’aigle, souveraine.
En vassale, vous vous devez de me lécher
La main et non de me saluer, fort hautaine,
Que du bout du bec ou rogner mes droits, péché
Mortel dans les cieux : aussi je sanctionne,
En suzeraine avisée, qui infractionne ! »

Face à qui la débinait, l’endeuillée rapace
Ne pipait plus mot, contrition sans ferveur,
Ruminant, stoïque, en attendant que ça passe.
Cela pourtant ne plaida pas en sa faveur…
Quoiqu’elle ne cherchât pas le mot de la feinte
Un exil immédiat la punit enfin.
Mais l’ostracisée revint, sans plus de complainte,
Dénicha les fils de l’aigle. Les goba sans faim.

À qui lui disait vendetta, crime immonde,
Elle répétait : « Que l’on soit manant ou roi,
Il n’est, hélas, de prédateur en ce bas-monde
Qui ne devienne un jour ou l’autre une proie ! »
Une balle prouva ses dires. Tu m’en crois ?!

© Christian Satgé – octobre 2019

Nombre de Vues:

23 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Brahim Boumedien
Membre
11 décembre 2019 14 h 05 min

Et c’est ce que les prédateurs, toutes races confondues, ne comprennent pas ! Merci, Christian !