Blotti dans ma cape de velours, assailli de nostalgie,
Je glisse hagard vers une contrée inachevée.
A travers ma bulle fleurie d’une transparence inouïe,
Je devine tout juste cette douce demeure haut-perchée.
Porté par les stigmates de mon enfance, auréolé de tant de souffrance,
Je redécouvre apaisé ces nuances boréales.
Des senteurs primitives surgissent, m’imprégnant avec impatience,
La cabane se révèle à peine au-delà des vastes céréales.
Tel le métronome apprivoise le temps des larmes,
Les pins figent l‘espace dans un volume sans fin.
Je revins à Tanaka, une aquarelle bleutée de charme,
Ce mirage éphémère rougi de mes regrettés défunts.
Tant d’années passées sans nouvelles de mes camarades,
De nos frères que nous perdîmes aux dernières empoignades.
Ma vie fût loin d’être un long fleuve tranquille…
Nous quittâmes Tanaka meurtris, ce ne fût guère si facile.
Au détour du puit démantibulé suffoquent les rizières presque asséchées.
Ornées d’herbes folles en guise de chapelet, comme un dernier rempart ostentatoire.
Scènes improbables d’une pellicule poussiéreuse qu’il eut fallu rembobiner,
Refaire ces planches marquées, une intention irrévocablement illusoire.
Mes regards balayent le moment présent en une conjonction de troubles décoordonnés.
Je me dérobe dans une danse solennelle vers cette bâtisse qui fût mienne.
Pas à pas, je pénètre le sanctuaire de ma jeunesse suivant un rituel désordonné.
Dans l’entre empierré, je scrute l’inattendu sans qu’il ne me parvienne.
Nous nous en allâmes de Tanaka en une douce soirée d’automne.
Dans un parterre de feuilles en guise de linceul vous vous inclinâtes.
Ma vie ne fût pas de ces si belles colonnes,
Scellées dans le socle, profondes comme les lignes du basalte.
Diawara
Un beau texte profond