Je marche seul – Thierry Paul Valette

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Sur les trottoirs de bitume entachés de souliers usés ,qui sans grâce  fourmillent ,qui sans âme
dans le bruit sale de ces journées passagères m indiffère ,  je marche  seul de la même  manière que l’on  marche sur les trottoirs de Paris ou de Manille.

Oui seul , toujours seul avec mes semelles de vent arpentant un asphalte figé , parfois  décomposé , qui ne laissent comme unique empreinte que celle d’un long silence palliatif.

Des milliards de pas qui les un après les autres , les uns par dessus  les autres , se malmènent et portent  sur leurs épaules  ces hommes et ces femmes  , ces enfants  et ces vieillards  , ces personnes  de toutes sortes et de toutes convenances qui laissent derrière eux  ces sempiternelles traces qui  inlassablement  se substituent les une aux autres dans un véritable Kâma-Sûtra podo-urbain.

Des tâches de sang usagées et brunissantes, vestiges de cette fragilité humaine , qui se confondent à celles du goudron aux teintes parfois bleutées ,des hydrocarbures décolorés   ,  des graisses épaisses  et de mélasse de toutes sortes aussi pure que l’eau  contaminée des égouts de Tchernobyl.

Pourtant  je suis entouré  , accompagné,  preuve de ces cris qui m’entourent. Je suis cerné sans aucune  intention de me rendre. Je suis bousculé, malmené de tous ces coudes saillants , de toutes   ces épaules osseuses et parfois même  rondelettes,   qui frénétiquement  me frôlent dans une indifférence hurlante et dont  leur seule et unique contrainte ne semblerait être que la perte des ces quelques secondes  vitales , aussi essentielles  que des points sur un permis de conduire .

Tous  accrochés à leurs smartphone à  fendre les foules ,ils ne marchent plus…Ils pilotent. Il ne s’agit plus d’une lutte contre le temps  mais d’une course frénétique  sans aucun départ  ni aucune arrivée qui  à chaque seconde , à chaque  dixième  de seconde de  perdue sonne le glas de leur bon sens emprunté.

Autrefois, dans des temps encore bien inscrits dans certaines mémoires vieillissantes, dans des temps qui appartiendront tôt ou tard aux livres d’histoires et qui eux même se retrouveront dans ces greniers poussiéreux de maisons inanimées et dont pour les plus chanceux  dans les quelques vitrines d’antiquaires spécialisés du quartiers  Drouot, nous prenions  le temps avec cette  féroce envie nécessaire de se perdre aux hasard de rencontres fortuites de toutes  sortes  aussi futiles qu’utiles  ou inutiles  que celle d’un frelon avec un ticket de métro.

Le lien ? aucun !!!!Juste que l’absurde n’avait d’importance tant  que nous en avions  conscience .Mais des lors que l’absurde  étant devenue cette  monnaie courante et nationale  alors nous sommes  entrés  dans une évidence  nécessaire qui nous permet par ce providentiel  alibi de nous cacher de la perte de nos propres failles.

Celle évidence  est celle de l’indifférence, cette formidable excuse qui nous évite  l’aveu ,l’aveu de cette perte annoncée du raisonnement.

Peut  être après tout résonner  deviendrait il cette  absence  même  de raisonnement ? A force  de raison de Platon  à  Socrate  , de Voltaire  à Montesquieu  ou bien de Lévy  à tant d’autres en avons  nous déjà fait le tour…  faisant  inlassablement évoluer  notre  monde  là  même où notre  esprit tourne  en rond comme un retour  inéluctable  à  la case départ nous rappelant que du ventre de nos mères nous n’avions  comme  unique  refuge  ce terrible  replis  sur nous même.

Raisonner, se retrouver ainsi  à ce même point de départ ,plutôt  une bulle devrions nous dire , nous retrouver nez à nez à  cette evidente métaphore de la caverne interrogerait il peut être ce fait que l’homme s’il prétend survivre  doit avant tout autre chose  revenir à sa place  d’antan telle qu’elle le fut il y a quelques  milliers  d’années , c’est  à dire  à ce moment  précis où “nous étions” plutôt que celle d’aujourd’hui ou “nous ne sommes plus”

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Thierry Paul Valette

Thierry Paul Valette (25)

Artiste plasticien ,Thierry Paul Valette au travers de ses peintures réconcilie l’orient et l’occident par la femme qu’il sublime. Comédien et aussi auteur d’un recueil poétique « l’unique ns »sur la passion amoureuse, Thierry Paul artiste complet est aussi un homme engagé .Il est à l’origine de la création de la journée mondiale du selfie et abordera en mai 2017 une marche vers Rome pour une rencontre avec le pape François 1er.

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carmeline
carmeline
Invité
22 novembre 2016 11 h 25 min

Sublime

Iloa Mys
Membre
22 novembre 2016 9 h 42 min

Bonjour,
J’ai trouvé votre texte assez intéressant sur certains points soulevés comme cette course urbaine, moderne qui engendre l’égoïsme, l’anonymat si difficile à supporter peut-être pour certains humains.
Après, faut-il retourner à notre place d’animal ? Ou l’instinct guidaient nos actes ?
Raisonner est certe un enferment sur soi, pour un temps nécessaire mais ensuite vient le temps de l’action.
Sourire aux gens dans la rue est un premier pas pour ne pas se sentir seul.

Je me permets un aparté concernant la ( grande )photo que vous postez en illustration de votre texte.
Elle m’a fait sourire car je me suis demandée si vous échangiez un texte ou si vous faisiez la promo de votre joli minoi.
J’aurai préféré un de vos tableau.
:-)

Je vous souhaite une bonne journée et merci pour ce texte qui amène à la réflexion.

Invité
22 novembre 2016 8 h 06 min

Très belle caricature de notre société :)

Plume de Poète
Administrateur
22 novembre 2016 7 h 02 min

Merci pour cette belle introduction Thierry Paul !
Nous avons hâte de découvrir vos autres textes…
Bien à vous,
ALain