Intermède sans remède ? – Christian Satgé

 

Petite fable affable

 

Au pays de ces mufles de mouflons,

Très loin des si parisiens flonflons,

Vit un vieux couple de lagopèdes,

Oiseaux dont le chant résonne en écho

Quand l’été, là-haut, se fait plus tiède

Et que les monts s’inventent tout un dico

De teintes vertes, ocres et brunes

Qu’aucun peintre ne rendra sans lacune.

 

Ce couple eut un petit, depuis grandi,

Peu pressé de fuir son nid, comme on dit.

Se dépensant en blagues de potache,

Humour carabin, rires de bossu,…

Il vit donc de l’air du temps, l’air bravache,

Ayant, sans rien vivre, tout vu, tout su

Paillepoutrant autrui et le monde,

Trouvant ci hypocrite ou ça immonde.

 

Ils lasse ses parents, bien patients

Avec ce fils ingrat, inconscient.

Lui, souvent, il les trouve acariâtres

Et vindicatifs quand ils le secouent

Car toujours fort critique ce bellâtre,

Oiseux, oisif, se monte un peu le cou :

Nourri, logé et blanchi sans négoce,

Il a pour les siens le mot fort féroce.

 

On lui parle et il répond d’un « Je sais ! »,

Excédé ; on veut son aide et, vexé,

C’est toujours de la plus mauvaise grâce

Qu’il y vient, trouvant chacun stressé

Et speedé. Lui n’est pas de cette race

De vains fébriles ni d’oiseaux pressés :

On finit, tous, par la foudre ou la poudre !

Son père lui fit, prêt à en découdre :

 

« Dia, passe donc de “Je sais !” à “Je fais !”

Sinon, ta paresse aura pour effet

De te priver de tout ce dont tu rêves :

Bouge au lieu de jouer l’ici-gît ;

Chez toi l’effort est, chaque jour, en grève

Et quand tu gémis, nous deux on agit

Et, pour toi, on fait et défait sans trêve :

Nous juge qui vit de sa propre sève ! »

 

© Christian Satgé – novembre 2014

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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3 Commentaires
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Invité
19 février 2018 23 h 14 min

Merci Christian joli et profond partage
Douce nuit
Mes amitiés
Fattoum.